Lundi dernier, Michelle Bachelet, la Haute-Commissaire aux droits de l’Homme de l’Organisation des Nations Unies (ONU) a sonné l’alarme lors du mot d’ouverture du 47e Conseil des droits de l’Homme à Genève.

À l’heure actuelle, de nombreuses régions du monde sont affligés par de graves reculs en matière des droits de la personne, notamment en Ethiopie, au Tchad, au Mali, au Mozambique, en Haïti, au Bélarus, en Chine et au Sri Lanka, pour ne nommer que ceux-là. Des reculs qu’elle affirme n’avoir jamais vus auparavant. Les inégalités s’accentuent, les injustices s’accentuent, le filet social s’érode. Ainsi, elle en appelle à ce que les leaders de la communauté internationale « s’oriente[nt] vers un avenir inclusif, écologique, durable et résilient », une « vision qui change la vie » sinon c’est… « l’effondrement ».

On ne peut être plus clair.

Un reportage publié dans The Guardian en mai dernier dresse deux portraits de la pandémie. Pendant que les gens des pays au Nord arrivent à se faire vacciner en masse et que le nombre de cas diminue, les pays du Sud global, eux, souffrent. Ce n’est pas sans rappeler les reportages télévisés d’il y a quelques semaines où l’on apprenait qu’en Inde, des citoyens se battaient pour acheter de l’oxygène (!) sur le marché noir (!!) devant la flambée des cas de COVID-19 dans cette région.

Sans grande surprise, ça va mal à ‘shop en environnement. Le groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC), composé d’une centaine de scientifiques, a affirmé ceci récemment: « La vie sur Terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes. L’humanité ne le peut pas. » D’ici les 30 prochaines années (voire même moins), l’humanité connaîtra des conséquences du réchauffement climatique intenses qui se feront bien sentir.

En matière de droits des femmes, le portrait est aussi inquiétant.

La pandémie a fait reculer les avancées des féministes et des femmes dans bien des domaines, certain.es expert.es parlant d’au moins trente ans de retour en arrière. Les acquis modestes et fragiles que l’on a obtenus notamment depuis 1995, soit depuis la Quatrième conférence mondiale sur les femmes et la Déclaration de Beijing, s’effritent beaucoup plus rapidement qu’on pourrait le croire. En santé. En éducation. En services sociaux. En matière de violences faites aux femmes. Ce sont notamment sur ces thématiques que le Forum Génération Égalité d’ONU Femmes compte se pencher du 30 juin au 2 juillet prochains à Paris.

Lors de la rencontre du G7 au début du mois à Cornwall, plusieurs leaders ont pris de nombreux engagements pour la planète notamment en matière d’économie et d’environnement. J’ose espérer qu’ils et elles auront l’audace, le courage, le leadership et la vision de dépasser les vœux pieux, les promesses symboliques et creuses pour prendre véritablement conscience qu’il nous faut un virage en mode 360 degrés dans notre mode opérationnel actuel. Ils ont le potentiel de marquer l’Histoire, et ce, pour le mieux. Or, l’humain étant ce qu’il est, il faut souvent le « voir pour le croire » ou sentir le feu derrière son dos pour réaliser que la maison est en train de brûler. Il faut collectivement que l’on cesse de dormir au gaz, sur la switch.

Les experts du monde nous expliquent que nous avons encore des possibilités de changer la donne, pour le mieux. Or, pour être honnête, il ne reste plus beaucoup de temps.