De ce drapeau aux couleurs joviales, la Russie n’en prend que la couleur rouge, celle du sang. Ce sang de centaines de gays et lesbiennes présumés que Vladimir Poutine et son pantin Ramzan Kadyrov ont sur les mains sans aucun regret.
Depuis 2017, la répression des personnes LGBTQ+ s’est accentuée en Tchétchénie, république constitutive de la Fédération de Russie, sous les ordres de Kadyrov, chef de cette région de Caucase, intronisé par Poutine en 2007. Une « purge des gays » avait éveillé les consciences des gouvernements internationaux en 2017, après que la police tchétchène ait emprisonné et torturé des hommes présumés gays. Bien que Poutine ait demandé une enquête à l’époque, personne ne fut surpris de ne rien voir ressortir de cette investigation.
En 2020, le réalisateur David France montre dans son documentaire « Bienvenue en Tchétchénie » une réalité qui vient contraster la « bonne volonté » de Poutine à mettre au clair les exactions perpétrées sous sa gouverne. On y suit le calvaire de gays et lesbiennes fuyant leur propre famille, prête à les tuer pour « laver leur honneur » comme leur conseillent de faire les autorités tchétchènes. On retrouve David Isteev de l’association Réseau russe LGBT, qui vient en aide à ces personnes en danger de mort, en leur offrant secrètement refuge et en essayant de les faire exiler vers des pays voulant bien les accueillir.
Dans son documentaire, le réalisateur n’épargne aucun détail en montrant des vidéos d’agressions et de viols envers de présumés gays et lesbiennes, tout en mettant en évidence l’intention de Kadyrov de faire de la Tchétchénie un endroit dépourvu de gays et lesbiennes.
Bien que des voix se sont levées dans les dernières années contre l’impunité de Poutine et de son idolâtre Kadyrov, les pressions internationales ne semblent pas les atteindre. Kadyrov est ainsi libre de continuer son génocide, protégé sous une coupole de verre.
Condamner ces atrocités est une chose, mais où sont les actions prises pour que cesse ce génocide? À quand un consensus international pour des actions punitives à l’égard de la Russie?
L’utilisation de la communauté LGBTQ+ par les politiques est monnaie courante, surtout en pleine campagne électorale, mais il est temps que cela cesse de n’être qu’un abreuvement d’égo de politique. Des actions rapides sont requises pour que les droits des minorités sexuelles soient respectés et que leur sécurité soit assurée.
Pour venir en aide aux personnes LGBTQ+ en danger, l’ONG Rainbow Railroad, supportée par les États-Unis et le Canada, permet l’extradition et l’accueil de ces victimes en dehors de la Russie. L’accueil est une partie importante, mais se concentrer uniquement sur l’accueil, c’est répondre au désir de Kadyrov de faire de la Tchétchénie une terre hétérosexuelle.
Des aides sont donc existantes pour ceux et celles qui parviennent à sortir du silence et qui arrivent à fuir à temps la police tchétchène ou le danger de mort émanant de leur propre famille. Mais sans réelles actions contre Poutine et Kadyrov, qu’en est-il de ceux et celles qui n’ont pas eu le temps ou l’opportunité de s’enfuir et dont le meurtre restera sous silence et pour lesquels justice ne sera jamais faite?
Certaines victimes témoignent, comme c’est le cas dans le documentaire de David France, mais qui pourra témoigner pour ces hommes et femmes enterrés vivants, qui ont succombé à la torture ou que leur famille a tués dans le silence comme ce jeune tchétchène de 17 ans poussé du haut d’un balcon par un membre de sa famille après que son orientation sexuelle aurait été dévoilée ?
Il est donc temps pour nos dirigeants d’agir afin que le problème soit résolu à la base. Le pouvoir de Poutine et son indifférence concernant les droits de l’Homme s’inscrivent dans une ère où les dictateurs sont libres d’exercer leurs exactions sans craindre la justice internationale. La Chine est un autre exemple dans ce cas. Le génocide des ouïghours effectué en toute impunité par Xi Jinping semble être protégé des menaces de sanctions par les gouvernements européens et nord-américains.
Face à ces dictatures grandissant en puissance à vue d’œil, à quel moment la justice internationale deviendra-t-elle obsolète? Et ce, dans le cas où elle ne le serait déjà.
Quentin Dufranne