Et comme si ce virus n’était pas déjà un effet dévastateur et ne multipliait pas ses hôtes, nous sommes désormais face à une mutation encore plus dangereuse puisqu’encore plus infectieuse que les précédentes : le variant Trump.
Fascistes américains
Le 4 mars dernier marque le plus récent spectacle des disciples (du Temple du Peuple) de QANON. Un grand bide, comme ont pu le prédire à peu près tout le monde ayant conservé jusqu’à maintenant un iota d’esprit critique.
(Si vous ne connaissez pas cette secte fondée par le gourou Jim Jones dans les années 1970 et qui a connu un dénouement absolument horrible, un suicide collectif de 908 personnes, les ouvrages et les articles ne manquent pas.)
On connaît le récit (qui vous a d’ailleurs été présenté de manière magistrale dans notre plus récent podcast « Faisez vos recherches! » ), mais je m’en voudrais de ne pas le résumer encore une fois en y ajoutant quelques détails d’interprétation supplémentaires.
Les trumpistes, adeptes de « Q » croient en cette fumeuse théorie selon laquelle Donald Trump, pourtant déchu, allait être assermenté dans le cadre de ce qui semble être un coup militaire mené par des soldats « patriotes » qui, du même coup, allaient asséner un coup fatal à une grande cabale pédo-satanique. Une opération découlant d’années de préparations clandestines et visant, étrangement, surtout les milieux de l’élite « progressiste » – ou, plus précisément, celle qui ne contribue pas à la caisse électorale républicaine et/ou qui promeut des valeurs qui sortent du cadre conservateur/évangélique, bref, tout éveil culturel suivant le glas des écrans noir et blanc et la fin du sitcom Papa a raison.
J’y ajouterais aussi quelques éléments religieux qu’on ne peut ignorer. D’abord, il y a un parallèle intéressant entre ce retour espéré et triomphal de Trump et la Seconde Venue du Christ, attendue depuis longtemps par de nombreux.ses chrétien.ne.s évangéliques et qui serait le prélude à la fin des temps et au Jugement Dernier. D’ailleurs, la secte chrétienne des Adventistes du 7e Jour fut fondée dans la première moitié du 19e siècle selon l’unique prémisse que cette prophétie s’accomplirait à une date très précise : le 22 octobre 1844.
Attention, divulgâcheur : ce n’est pas arrivé. Ce qui n’a pas empêché son fondateur, William Millier, de prétendre qu’il s’agissait plutôt du « début » du travail christique de purification, qui mènerait ensuite à son retour.
Considérant le nombre de scandales sexuels et la corruption morale généralisée au sein de la droite chrétienne américaine, la propreté des Écuries d’Augias semble se comparer à celle d’une salle opératoire dans un grand hôpital.
Une machine grassement huilée à coups de milliards provenant de richissimes (fascistes) patriotes qui s’appellent Koch, Mercer, Murdoch, également derrière les médias qui propulsent cette démagogie raciste et ces appels à l’insurrection. Les rassemblements des fanatiques de Trump et des adeptes de « Q » font désormais pâlir ceux du Parti Nazi Américain, qui arrivait à remplir le Madison Square Garden dans les années 1930.
L’anti-impérialiste moyen.ne pourrait jubiler et y voir une victoire du peuple contre « les élites », mais ce serait faire fausse route – relisez quelques ouvrages sur la Révolution Française pour vous en convaincre.
Mais loin de moi l’idée de prétexter l’élection d’un président démocrate pour absoudre ce parti qui, malgré les récentes initiatives législatives progressistes, n’hésite pas à réaffirmer la suprématie de l’empire américain sur le monde, surtout celui peuplé de gens à la peau foncée. Entre deux ordres exécutifs et la défense de son plan de redressement économique, Joe Biden a trouvé le temps d’ordonner trois frappes militaires en Syrie, en Irak et en Iran, dans le cadre de sa guerre officieuse contre ces derniers.
Cela dit, rassurez-vous, les fins finauds des observatoires politiques universitaires vont justifier tout ça, quitte à ne pas en parler – Biden avait probablement besoin de bombarder un village quelque part au Moyen-Orient pour avoir l’air « présidentiel » et se faire pardonner son programme de dépenses par les tisserands du réel pouvoir.
Le Québec contaminé
Le 11 février dernier, l’agrégateur de sondages Québec 125 rapportait que le Parti Conservateur du Québec obtenait 3,9% des intentions de vote. De son côté, la maison de sondage Angus Reid indiquait, en février 2020, que le PCQ allait chercher 3% de l’électorat québécois. Un an plus tard? 9%.
Autrefois marginal et peuplé d’hurluberlus n’ayant aucun ascendant sur leurs communautés, le PCQ se prépare à devenir un acteur politique à prendre avec sérieux. Avec l’arrivée d’un démagogue et d’un agent d’influence de la droite dure comme Éric Duhaime à sa tête, il obtient désormais l’appui de trois influenceurs d’impact de la sphère conservatrice : les sénateurs fédéraux Josée Verner, Pierre-Hughes Boisvenu et Léo Housakos. Duhaime a également reçu le soutien de l’ancien maire de Trois-Rivières Yves Lévesque, un autocrate qui ignorait les voix de son propre conseil et dirigeait la ville d’une main de fer. Ou, dans le contexte, un candidat parfait, à l’image de ce que veulent les médias-poubelle de la province, dont la Radio Libre des Mille Conneries.
Et même si aucun des quatre ne se présente comme candidat.e, nous sommes face à la construction d’une solide machine à récolter dons et appuis, suffisamment pour donner, à mon avis, près de 10% des votes et peut-être un ou deux sièges à la prochaine élection, en octobre 2022.
Marginal? Oui, comme Québec solidaire avant 2008.
Et la recherche du vaccin contre ce virus – un discours de gauche rassembleur et attrayant pour l’ensemble du Québec – se poursuit toujours…