Certaines initiatives méritent d’être saluées, tandis que des démarches plus engagées doivent être pérennisées pour continuer d’expurger la société de toute forme de polarité.
La mobilisation citoyenne numérique contre la haine en ligne
Au lendemain de la libération de Mamadi Camara, qui a été injustement emprisonné pendant 6 jours à Montréal, le slogan #justiceformamadicamara s’est abondamment répandu à travers les réseaux sociaux pour dénoncer le traitement judiciaire et médiatique injuste dont il a fait l’objet. La campagne de sociofinancement lancée afin de soutenir Mamadi Camara et sa famille à poursuivre leurs démarches judiciaires a d’ailleurs permis de récolter 25 320 $ auprès de citoyens de tous les horizons, au Québec, sensibilisés par cette cause.
Dans une démarche de vigilantisme, un mouvement de solidarité a également été initié à l’occasion de la première sortie publique de Mamadi Camara. L’idée étant de mobiliser des internautes pour apporter un contrepoids à l’expression du discours haineux dans les fils de discussions sur les réseaux sociaux avec pertinence, bienveillance et nuance.
Dans une ère épidémique où l’essentiel de nos échanges humains se passent dans l’espace numérique, un des moyens par excellence de s’engager de façon pérenne consiste à être un acteur numérique engagé contre la diffusion des opinions blessantes et haineuses, l’intimidation, le harcèlement et de promouvoir des valeurs de dialogue et de tolérance.
Dans les instances universitaires les débats sur la liberté académique ouvrent de nouvelles opportunités
Par-delà la polarisation des débats de ces dernières semaines sur la liberté académique au Québec, et si la clé était de changer les questions posées afin d’avoir les bonnes réponses? En effet l’opportunité qui se dessine derrière cet affrontement est peut-être de permettre aux institutions, communautés universitaires et à la collectivité d’ouvrir avec audace sous la yourte de paix et sous l’arbre à palabre des espaces de discussion authentiques autour de ces sujets importants.
En tenant compte de l’asymétrie des rapports de pouvoir et de domination qui sous-tend notre système, ce débat met à jour l’importance de mieux outiller sur les questions controversées, les attentes quant à l’histoire, l’identité ou la culture. Il souligne aussi l’urgente nécessité d’équiper ou d’éveiller les destinataires de l’enseignement académique sur la manière d’accueillir celles-ci de façon pertinente.
Finalement, ces débats sont aussi certainement l’opportunité de favoriser l’innovation dans les processus de création des savoirs alternatifs, en associant et collaborant davantage avec des acteurs académiques ou non issus de la diversité. Le mois de l’histoire des Noirs a montré la grande richesse et l’apport de la diversité, et il est de l’intérêt de toute la collectivité d’offrir un legs aux générations futures s’appuyant plus intelligemment sur ces acquis.
Lydie C. Belporo, candidate au doctorat en Criminologie et membre du Comité-conseil sur l’Équité, la Diversité et l’Inclusion de l’Université de Montréal