Nous avons réussi à sauver les diplômes et le parcours scolaire de la majorité de nos étudiantes et de nos étudiants. Nous croyons aussi que, malgré les circonstances, les diplômes décernés en temps de pandémie n’ont pas perdu de leur valeur. Malheureusement, les enseignantes et les enseignants du supérieur sont épuisés et se sentent délaissés.
Les faibles sommes supplémentaires accordées par Québec ont majoritairement été utilisées pour désinfecter les locaux et acheter de l’équipement. Des montants insuffisants ont été accordés pour la mission éducative dans les cégeps. Aucun montant n’a été alloué directement pour soulager la surcharge de travail dans les universités. Ce manque de reconnaissance fait mal. Il fragilise aussi les enseignantes et enseignants les plus précaires.
Si nous sommes relativement satisfaits de notre adaptation malgré les circonstances, nous ne pouvons pas faire abstraction des difficultés que vivent nos étudiantes et nos étudiants. La crise que nous vivons accentue les inégalités. Une fois la pandémie terminée, il faudra réparer les pots cassés. La population étudiante de première génération, celle qui vit des situations de handicap et celle qui est monoparentale, a pu décrocher davantage. Quel est le plan pour aller la récupérer au sortir de la crise sanitaire? Ce dont l’enseignement supérieur a besoin, c’est d’un Plan Marshall pour se remettre sur les rails.
Au-delà de la diplomation, il ne faut pas oublier que nos établissements d’enseignement sont aussi des milieux de vie, des milieux de création artistique, des milieux de recherche, des milieux de débats, des milieux de services à la collectivité. Après de nombreuses années d’austérité, les cégeps et les universités ont eu de la difficulté à maintenir ces missions fondamentales. L’Outaouais, qui est mal desservie par les établissements d’enseignement supérieur, doit miser davantage sur ces institutions.
Des problèmes importants existaient auparavant dans nos institutions d’enseignement supérieur. C’est notamment le cas de l’Outaouais, qui a toujours été mal desservi dans les services publics. Notre région compte sur la rive ontarienne pour ses services de santé et d’enseignement supérieur. Pourtant, dans ce contexte sanitaire, la souveraineté alimentaire et l’achat local ont été maintes fois rappelés. Nous croyons que notre région ne devrait plus dépendre des collèges et des universités de l’Ontario.
En somme, nous croyons que Québec doit réinjecter de l’argent dans l’enseignement supérieur et que cet argent doit aller à l’humain, qui est au centre de la mission éducative. Après un an d’enseignement en non-présentiel, il faut s’occuper plus particulièrement de la santé psychologique des étudiantes et des étudiants, mais aussi du corps enseignant.
Christian Bernier, président du Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep de l’Outaouais
Marie-Josée Bourget, présidente du Syndicat des chargées et chargés de cours de l’UQO
Leslie Elliott, présidente du Heritage Faculty Association, Cégep Heritage College