J’ai récemment réalisé une entrevue avec Jacques Blamont, père de l’aérospatiale française, décédé récemment. M. Blamont a écrit un livre dans les années 90, Introduction aux siècles des menaces, relatant les enjeux auxquels l’humanité sera confrontée au 21e siècle. Toutes sont des menaces exacerbées par une mondialisation galopante qui serait, entre autres, alimentée par une industrie de l’aviation galopante.

En ce qui nous concerne, il faut bien comprendre que le fait que la Covid-19 soit passée de simple « maladie » à une « pandémie » est en partie attribuable à cette industrie qui démultiplie les échanges entre les êtres humains à une vitesse jamais vue auparavant.

Alors, n’est-il pas un peu absurde de vouloir subventionner cette même industrie qui accentue cette propagation?

Cette industrie aurait plutôt un mea culpa à faire, car ce sont des voyageurs qu’elle transporte qui ont amené la maladie aux quatre coins du globe.

Cette même industrie participe à l’augmentation des gaz à effet de serre. Et, on le sait, comme nous l’a expliqué le chercheur en santé Serge Morand, que « la crise écologique est la cause première de cette crise sanitaire ».

Écouter la science, oui, mais laquelle? Cela fait des années que la science nous dit de diminuer nos émissions.

Alors, pourquoi ne pas subventionner une réorientation de carrière pour aider les travailleurs de cette industrie à participer à une transition écologique vers des emplois d’avenir, en écoconstruction par exemple?

N’est-ce pas un retour du balancier que cette industrie subit, un retour normal? Si c’est le cas, pourquoi alors vouloir capter une partie des deniers publics dont tant d’autres industries ont besoin?

Pour ma part, j’ai bien des questions. Beaucoup de réserves. Néanmoins, les discussions que vous espérez, c’est avec elle-même que cette industrie devrait les avoir. Si l’aviation devait reprendre ses activités, de nombreuses réformes devraient être apportées, de manière à prévenir des événements comme la pandémie de Covid-19.

De cette expérience…

Dans le contexte actuel, on s’étonne de l’accroissement du complotisme au sein de la population. Peut-être que cette asymétrie de possibilités d’accès à la sphère publique par les médias alimente une méfiance, voire un cynisme chez certains. À l’extrême de ce spectre, on doute tellement des médias, que l’on finit par ne plus les croire. Alors qu’ils sont censés incarner le 4e pouvoir, dans la crise actuelle, au Québec, ils semblent s’être liés de trop près aux autorités en place, non? La charte de Munich pourrait offrir de belles bases à ceux qui oublient les droits et les devoirs du journaliste.

Car, avant d’envoyer cette réponse à Ricochet, j’ai voulu la proposer directement à La Presse. Nous sommes en démocratie, l’accès aux médias devrait idéalement être le même pour tous… Or, je n’ai reçu aucune réponse du média.

Pourtant, sa seule lettre a valu à M. Piché d’être invité au moins deux fois à Cogeco, et ce, dans la même journée. Une certaine équité du traitement de l’information aurait voulu que des détracteurs de cette industrie aient pu se faire entendre au moins autant. Laurent Castaignède, par exemple, qui a écrit Airvore ou la face obscure des transports chez Écosociété.

Surtout que, dans ces deux émissions, les animateurs écoutaient M. Piché sans offrir de critique. Isabelle Maréchal a proposé une reformulation à M. Piché lorsqu’il semblait vouloir abolir le confinement afin que l’industrie de l’aviation reprenne. Une reformulation qui permettait de recadrer le discours de Piché afin qu’il passe bien plutôt que d’offrir une critique réelle de fond à son discours.

Comme Fabrice Midal l’a dit récemment à Brut Média, lors d’événements de crise, il ne faut pas se laisser aller à ses angoisses, ses peurs, afin de pouvoir trouver des réponses valables. Cela nous donne de la hauteur vis-à-vis de la situation. Donc, plutôt que d’agir trop promptement, prendre la parole inutilement, un moment de réflexion peut parfois être de mise.

Simon Paré-Poupart, journaliste pigiste