
« Mauve, c’était la couleur préférée de Joyce Echaquan »
Deux heures avant la vigile, la vice-cheffe de Lac Simon, Pamela Papatie, se rend à la salle communautaire avec des piles de rubans. « Mauve, c’était la couleur préférée de Joyce Echaquan », fait-elle remarquer. Elle et une dizaine de bénévoles en auront minutieusement assemblé plus de 200, en plus d’avoir décoré une cinquantaine de lampions. « Ça fait mal pareil de savoir qu’une jeune femme a subi ça », témoigne Pamela Papatie en retenant ses larmes.

#JusticePourJoyce
Marie-Rose Papatie devient aussi émotive en pensant à ce qui est arrivé à Joyce Echaquan. Avant de partir pour la vigile qui lui rendra hommage, Marie-Rose écrit méticuleusement « Justice pour Joyce » sur un carton voyant. « C’est comme une sœur pour moi », compare-t-elle. « Hier soir, j’ai allumé une chandelle pour elle et sa famille. Ce matin, je ne pouvais plus me retenir, je suis partie à pleurer ».

« Nous sommes tous une nation »
Avant que le cortège déambule dans les rues de la communauté de Lac Simon, l’aînée Jeannette Brazeau s’est adressée aux participants en français et en anishnabe. Au mégaphone d’une voiture de police, ses sages paroles disaient entre autres ceci : « Nous sommes tous une nation. Nous avons besoin de tous ces gens. Il faut qu’ils soient conscients. Conscients de ce qu’on vit. Des situations difficiles. Parce que ça nous ramène de loin. Comme les pensionnats aussi ».

« Les tragédies qui touchent les Premières Nations se suivent et se ressemblent »
Le message de Candice Pien rappelle que les tragédies qui touchent les Premières Nations se suivent et se ressemblent. La vice-cheffe Pamela Papatie est d’accord. « Ce qu’on dénonce aussi, c’est les gouvernements. Ils ont deux rapports : celui de la commission sur les femmes assassinées et disparues et celui de la commission Viens [sur les relations entre les Autochtones et certains services publics]. Quelles sont les recommandations qu’ils ont faites? », questionne-t-elle.

Des centaines de personnes présentes
Lampions à la main, la foule a formé un cœur géant au terrain de base-ball de la communauté. Les centaines de personnes présentes ont chanté en mémoire de Joyce Echaquan. Plusieurs essuyaient des larmes, d’autres se blottissaient contre un voisin. Même si elle préfère taire son nom de famille, Sylvie tient à partager un message. « Je veux que ça cesse le racisme. Pas juste les Autochtones. Peu importe. Je veux qu’on se respecte entre nous! Quand j’ai vu la vidéo, j’ai trouvé ça inhumain. Ça me fait de la peine », dit la résidante de Lac-Simon d’une voix tremblante.

Comme un mantra, « Justice pour Joyce » a été crié haut et fort de la part de la communauté Anishnabe de Lac Simon, qui compte d’ailleurs quelques Atikamekw de Manawan dans son village. Megis Ottawa en fait partie. « Ce qui me choque, vraiment, c’est le comportement de l’être humain qui a agi envers la personne qui était souffrante », dénonce-t-elle.
Après les chants et les prières, un mémorial éphémère a été conçu à partir d’une banderole, quelques affiches et la cinquantaine de lampions. La foule s’y est entassée pour se recueillir et se réconforter un dernier moment.
Tout le monde s’est dispersé, mais pas pour longtemps. Leur prochaine vigile aura lieu dans à peine une semaine, en mémoire des femmes autochtones assassinées ou disparues.
Texte et Photos : Émélie Rivard-Boudreau