Parmi les invités de marque, déjà les usual suspects du combat contre le pédo-satanisme ancré dans une étrange forme d’indépendantisme québécois ont confirmé leur présence. Alexis Cossette-Trudel offrira à l’alliance une bénédiction devant l’autel de l’hexagone saturnal, tandis que Lucie Laurier sera au poste de sentinelle aérienne pour surveiller la présence de chemtrails. Steeve Charland s’assurera de la parité entre drapeaux fleurdelisés et ceux du MNLQ.
Le tout sera célébré sous les auspices du pasteur Carlos Norbal de l’Église Nouvelle Création, à l’invitation du Groupe Théovox. Il s’agit d’une filiale des Ministères de Shekinah, un groupe évangélique baptiste basé au Cameroun et membre de Gospel Ministries International, un réseau basé au Tennessee et dont les activités semblent être dirigées vers l’Afrique et l’Amérique latine.
Pendant ce temps Richard Décarie, ancien conseiller proche de Stephen Harper et chickenhawk médiatique par excellence, distribuera des casquettes « Trump 2020 ». Des bénévoles distribueront gratuitement des copies des portraits de Cossette-Trudel publiés dans Le Devoir.
Finalement, Stéphane Blais se chargera de la quête pour la Fondation pour la subsistance de Stéphane Blais au nom de la défense des libertés du Peuple (sic) qui, lui, a fini par succomber à un violent trouble de l’identité, tant il est invoqué par une multitude de gens qui prétendent se battre en son nom.
Jeff Fillion et Dominic Maurais vont en parler à la Radio Libre des Mille Conneries sans en faire la promotion, ou pas.
Comment ne pas s’y perdre, c’est à se le demander!
Mauvais remake
Pourtant, tout ceci n’est, à l’image de la série Escouade 99, qu’une adaptation médiocre et à plus petite échelle de ce qui se passe au sein de l’Empire américain depuis une décennie.
Sur les ondes de Fox News au tournant des années 2010, entre deux topos apocalyptiques sur un hypothétique effondrement économique causé par Obama, Glenn Beck vendait les services d’une compagnie appelée Goldline, une arnaque de type « Cash for Gold ». De son côté, l’icône du site Infowars, Alex Jones, vendait des « pilules de virilité » après avoir aboyé pendant 3 heures sans reprendre son souffle que l’homosexualité et la féminisation des hommes était causée par le fluor, les chemtrails, le contrôle des armes et l’assurance-maladie.
Et ce sont ces figures médiatiques qui ont propulsé le Tea Party, le regroupement militant prétendument issu du peuple, mais appuyé massivement par les frères Koch et d’autres barons de l’énergie fossile. C’est donc « au nom du peuple » que les militants et militantes du Tea Party se sont mis à revendiquer des baisses d’impôt massives pour le 1%, l’abolition du Obamacare, le renversement de Roe v. Wade (le jugement de la Cour suprême qui a légalisé l’avortement aux États-Unis), le renforcement du 2e Amendement (sur le port des armes à feu), les dérèglementations environnementales, la reprise des forages dans les réserves naturelles et le maintien de la prière à l’école. Ils dénonçaient un éventuel coup d’État par les Démocrates qui, selon eux, étaient sur le point de déclarer la Loi martiale et engendrer un régime totalitaire socialiste. Ils promulgaient l’exceptionnalisme américain et endossaient ses campagnes militaires en réclamant une augmentation massive du budget de guerre, tout en voyant l’immigration comme le Cheval de Troie qui allait mener à la chute de l’Empire.
Et c’est par le Tea Party que s’est faufilé Donald Trump à la Maison-Blanche, vu par sa base comme un véritable Messie politique, une vision renforcée par nombre de pasteurs évangéliques qui l’ont transformé, à l’intérieur de la bulle ultra-conservatrice, en véritable figure biblique.
Pendant ce temps, un mouvement véritablement issu de la base essuyait répression et violence policière dans différentes villes. Leur nom? Occupy. Leurs revendications? La justice sociale et économique pour le 99%, la lutte aux changements climatiques, le progressisme social, la fin de l’impérialisme et du complexe militaro-industriel.
Une répression qui s’est déroulée sous les applaudissements du Tea Party. L’élite s’était donc déguisée en « vrai monde » pour mieux le voler, un peu comme le Diable avait réussi à convaincre l’humanité qu’il n’existait pas.
Le réel est suffisant
Pas besoin, donc, d’imaginer que le sous-sol d’une pizzeria de Washington abrite un réseau de trafic d’enfants, expédiés dans les meubles d’un commerce en ligne et dirigé par une cabale de satanistes qui, étrangement, ne compte que des personnalités socialement et politiquement progressistes. Trump, un adultérin notoire qui a fait des avances sexuelles à des mineures et à sa propre fille, reste au-dessus de tout soupçon.
Et c’est ce qui se répète ici, à la différence que les esprits étaient déjà colonisés.
Les commentateurs qui dénoncent « l’américanisation » des mœurs politiques devraient ajuster leur boussole.