Tous les meilleurs joueurs de l’époque, des jeunes comme Dany Heatley aux presque quarantenaires comme Patrick Roy et Al MacInnis, y étaient. J’avais du plaisir à regarder le match, et mon père aussi. Et les joueurs avaient du plaisir aussi.

Avance rapide en 2020, et le Match des étoiles s’est tenu à Saint-Louis dans la plus grande des indifférences. Les amateurs ont l’air de s’en balancer, tout comme les joueurs. C’est ce qui fait qu’une étoile comme Alex Ovechkin, l’une des plus grandes vedettes du sport, a préféré prendre une suspension d’un match pour se reposer plutôt que de participer.

En tout, 12 des 44 joueurs qui ont participé au match cette année étaient des joueurs de remplacement, des gars qui n’étaient pas des premiers choix. Depuis quelques années, la ligue a décidé de changer la formule du match pour en faire un tournoi à quatre équipes, formées des meilleurs joueurs de chaque division. Cela veut dire qu’à chaque nouveau désistement, il fallait piger dans un bassin de joueurs plus restreint qu’auparavant. Ensuite, la ligue et l’association des joueurs se sont entendues pour que chaque équipe bénéficie d’une semaine de congé, dont le début ou la fin coïncide avec la pause du Match des étoiles. Ainsi, de nombreux joueurs d’élite, une fois que leur nom est ignoré pour les festivités, ont déjà des plans de prévus lorsque la ligue essaie de les convaincre de remplacer quelqu’un.

Je ne vois pas d’autres façons d’expliquer comment Brady Tkachuk des Sénateurs d’Ottawa, quatrième pointeur d’une équipe de fond de classement, se retrouve à remplacer à la dernière minute Auston Matthews. Ou pourquoi Chris Kreider, cinquième pointeur chez les Rangers, remplace son coéquipier Artemi Panarin. On est loin des Jaromir Jagr et Peter Forsberg de mon enfance.

Difficile de blâmer les joueurs, cela dit. 82 matchs dans une saison, c’est dur sur le corps. Et c’est sans compter les séries éliminatoires et tous les petits bobos avec lesquels ces joueurs composent durant le calendrier. On les comprend de vouloir prendre l’occasion de recharger les batteries.

Alors, qu’est-ce qu’on fait?

Et si on changeait la date du Match des étoiles?

Pendant l’été, les amateurs de hockey rongent leur frein et comptent les dodos avant le début du camp d’entraînement. J’ai moi-même été assez en manque dans les dernières années pour regarder des matchs intraéquipe à la mi-septembre en webdiffusion.

Imaginez donc l’intérêt qui serait suscité chaque année si le Match des étoiles était présenté quelques jours avant l’ouverture officielle des camps. Ce serait comme donner un steak à un chien affamé.

En installant le Match avant le camp d’entraînement, on s’assurerait ainsi que les joueurs soient en grande forme. À cette date, les joueurs n’ont plus besoin de repos et ne veulent que sauter dans l’action. Ce serait donc la chance de s’assurer que des vedettes fragiles comme Sidney Crosby puissent y participer. Le joueur étoile a en effet dû sauter son tour en 2008, 2009, 2011 et 2015 à cause de blessures. On peut d’ailleurs assumer qu’il n’a pas été invité à participer cette année parce qu’il a raté une vingtaine de matchs plus tôt cette saison. Alex Ovechkin n’aurait également aucune raison de vouloir passer son tour.

Aussi, on éviterait des situations gênantes comme celle que Gerard Gallant vit cette saison. Ses Golden Knights (Vegas) trônaient au sommet de leur division au moment de nommer les entraîneurs conviés au Match des étoiles. Toutefois, quelques semaines après avoir accepté l’invitation, son équipe a décidé de le congédier, et la ligue a dû encore une fois trouver un remplaçant.

Et si les entraîneurs sont trop occupés à préparer la nouvelle saison ou à tenir un camp de développement pour les recrues, qu’est-ce qu’on fait? On invite des légendes du hockey à se tenir derrière le banc. Peu importe s’ils ont de l’expérience ou non : le Match des étoiles est une partie amicale après tout. Qu’on lâche un coup de fil à Teemu Selanne ou Guy Lafleur.

Profitons-en pour revenir à une formule à deux équipes, question d’avoir plus de latitude dans le choix des joueurs. On pourrait refaire des affrontements entre les meilleurs joueurs d’Amérique du Nord et d’Europe, comme on faisait au tournant du millénaire. Si on veut sortir de la boîte, on pourrait aussi faire un match entre les jeunes et les vétérans. D’un côté, McDavid, Matthews, Eichel et Binnington. De l’autre, Crosby, Price, Ovechkin, Kane et probablement beaucoup d’ego.

On pourrait aussi inviter les premiers choix du repêchage à participer au concours d’habileté. Quand arrivera septembre prochain, la planète hockey aura déjà hâte de voir le jeune Alexis Lafrenière à l’œuvre, lui qui est déjà pressenti pour être sélectionné au premier rang cette année.

Enfin, reste à combler le trou qu’on laisse en janvier. Les joueurs ont besoin de leur semaine de congé, mais la ligue ne peut se permettre de laisser une fin de semaine complète sans avoir quoi que ce soit à présenter ou diffuser. Il ne faut pas oublier qu’on a décidé de refuser aux joueurs de participer aux Olympiques en partie pour ne pas avoir une longue pause sans contenu en plein calendrier. À l’ère des médias sociaux, c’est tout un casse-tête.

Mais sommes-nous obligés d’utiliser des joueurs de la LNH durant cette fin de semaine?

Cette année, durant les festivités entourant le Match des étoiles, on présentait pour la première fois un match 3 contre 3 opposants les meilleures joueuses américaines et canadiennes. Pourrait-on plutôt leur donner la grosse part du gâteau et mettre les femmes à l’honneur le temps d’un weekend? Un vrai match féminin Canada contre États-Unis en heure de grande écoute, avec un prix en argent pour l’équipe gagnante, ça semble une bonne idée.

La ligue pourrait mousser l’intérêt en présentant les joueuses étoiles sur les médias sociaux dans les jours précédant la partie. On répète sans cesse qu’on veut faire évoluer le sport, qu’on veut grandir le bassin potentiel d’amateurs de hockey. Ce match pourrait aller chercher un public différent et donner pas mal de jus à la ligue pour leurs différentes plateformes.

Et ça permettrait aux petites filles — et aux petits gars — d’apprendre à s’identifier à des légendes comme Marie-Philip Poulin, de la même façon que j’ai pu le faire avec Martin Saint-Louis.