Si le stage est une porte d’entrée dans le monde du travail, une manière de faire ses premières armes, d’intégrer un milieu de travail tout en acquérant de nouvelles connaissances, ce qui pose problème est sa rémunération ou non.
«Les stages non rémunérés forment la partie la plus visible de l’exploitation des étudiant·e·s., peu importe que les stagiaires contribuent ou non au travail productif : dans tous les cas, le stage n’est pas un simple passe-temps, mais un travail nécessaire à la reproduction de la main-d’œuvre et de toutes ses spécialisations.»
Plus qu’une question de salaire
Les étudiant.es demandent aussi un statut de travailleur, au sens des Normes du travail, «parce qu’en ce moment, on n’est pas couvert par les normes du travail, on est même exclus de la définition d’un salarié», de dire Cassie, étudiante en sciences humaines au cégep Marie-Victorin. «[L]e statut de salarié·e permettrait aux stagiaires de bénéficier des protections minimales définies par les Normes du travail. Les stagiaires auraient par exemple droit à des compensations en cas d’accident, à des recours additionnels en situation de harcèlement, de même qu’au remboursement de leurs frais de déplacement», précise-t-on sur le site Grève des stages.
Toutefois, «le statut de salarié vient avec des responsabilités», fait valoir Alexandre, étudiant pour devenir infirmier praticien spécialisé. Ce changement imputerait un lot de responsabilités qui pourrait modifier le contexte d’apprentissage.
Ça fait partie de la formation
En 2016, les internes en psychologie avaient obtenus la rémunération de leurs stages obligatoires après des mois de grève et une représentation politique intensive, pavant en quelque sorte la voie au mouvement plus général que l’on connait actuellement.
Aux personnes tentées d’arguer que le stage fait partie de la formation, Cassie répond que «même au Tim [Hortons], t’es payée quand t’es en formation!».
Domaines traditionnellement féminins
Dans plusieurs domaines, les stages sont désormais obligatoires. Si les stages en génie ou autres domaines à prédominance masculine sont rémunérés dans la majorité des cas, les stages dans les domaines des soins, de l’éducation et des communications ne le sont pas. Ces domaines sont traditionnellement féminins. Et ce n’est pas un hasard selon Véronique, étudiante de 3e année en travail social: «historiquement, ce sont les femmes qui sont majoritairement sous payées, et c’est la même chose avec les stages».
L’Association québécoise des infirmières et infirmiers (AQII) était présente sur place pour démontrer son support. Selon Natalie Stanke-Doucet de l’AQII, «si on veut valoriser la profession infirmière, on doit commencer quand [les étudiant.es] sont à l’école».
La possibilité d’une grève générale illimitée (GGI) déclenchée à la session d’hiver 2019 plane au-dessus du gouvernement caquiste. Plusieurs des manifestant.es réuni.es hier au parc Émilie-Gamelin scandaient être prêt.es à déclencher une grève générale illimitée (GGI) si le gouvernement ne démontrait pas d’ouverture. En début de semaine, le nouveau ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, a sommé les étudiant.es de faire preuve de patience, puisque son ministère étudie déjà la question.