Étant donné qu’on avait besoin de se promener un peu partout, j’ai eu la chance de dormir à Winnipeg pendant la semaine. Pour ceux qui n’ont jamais été à Winnipeg, c’est une métropole dans ces débuts de développement en tant que métropole.
J’explique.
Quand une ville commence à se développer, le centre-ville est habituellement peuplé par les pauvres de la région tandis que les plus riches ont tendance à vivre en banlieue. À mesure que la ville devient de plus en plus populaire, les riches ont tendance à vouloir vivre plus près du centre-ville et repoussent les pauvres vers les banlieues puisque les loyers ne sont plus abordables. C’est ce qu’on appelle de la gentrification.
Le meilleur exemple québécois serait Hochelaga à l’est de Montréal. Un quartier qui a été particulièrement pauvre pendant plusieurs années et qui aspire maintenant à devenir le nouveau Plateau… avant que les Français aient loués tous les 3 1/2 à 1200$ par mois. De plus en plus, les originaires d’Hochelaga se font repousser à Tétreaultville qui est encore malheureusement un trou.
Toute ça pour dire que le centre-ville de Winnipeg est sous développé et très pauvre.
Ma première soirée à Winnipeg, j’ai voulu sortir. Lorsque j’ai demandé au réceptionniste de l’hôtel où je pourrais aller, il m’a supplié de rester à l’hôtel. Il m’a informé qu’en tant qu’homme blanc, je ne devrais pas sortir en ville parce que la majorité de la population était amérindienne et qu’il y avait 100% de chance que je me fasses poignarder.
Donc je suis sorti. Dans un bar miteux de machines où la barmaid se nommait clairement Rina, qui clairement à la base était une danseuse, mais a pris sa retraite parce que son chum avait une bonne job à Fort McMurray pis il était ben jaloux.
Après ma première Budweiser, j’suis sorti dehors fumer une cigarette.
C’est là où j’ai rencontré Ashley.
Ashley était une Cri originaire du Nord de Winnipeg. Une région considérée très dangereuse qui compte plus de 20 000 autochtones.
Je sais que rendu ici, ce serait facile de dire que la raison pour laquelle le taux de meurtre à Winnipeg est 4 fois plus élevé que dans le reste du Canada est à cause d’eux. En faite, la semaine où j’étais là, 5 personnes amérindiennes dont 4 femmes avaient été tuées et jetées dans une rivière pour être découvertes une semaine plus tard.
Mais j’trouve ça hypocrite de mépriser les Amérindiens pour leur situation alors que c’est nous qui l’avons créée.
Pis, si en lisant ceci, tu le savais pas, va sur google et recherche les pensionnats au Canada. Le dernier au Québec date d’il y a 27 ans à Pointe-Bleue au Lac Saint-Jean.
Trop souvent on oublie le fait d’avoir envoyé des enfants de 6 ans se faire assimiler par des prêtres mal intentionnés.
On oublie qu’on a encouragé des groupes d’enfants à se suicider parce qu’ils étaient à des milliers de kilomètres de leurs parents.
Moi aussi j’aurais bu après avoir subis tous ces abus. Moi aussi j’aurais de la difficulté à aimer si on m’éloignait de ma famille pour me faire abuser pendant des années.
En tant que blanc, j’ai jamais connu ce que c’est d’avoir honte de la couleur de ma peau. D’avoir des prêtres qui m’obligent à me laver avec de l’eau de javel au lieu de l’eau. On est fiers de s’être battus pour garder notre français. Mais on oublie le prix que ça coûté aux gens à qui nous avons dit qu’on venait en paix.
J’aimerais dire qu’on a grandi et que le problème est réglé. Mais il y a encore des femmes à Sept-îles qui se font violer par nos policier.
J’aimerais dire qu’on a appris puis qu’on le reproduira plus durant ma vie. Mais la colonisation est une option populaire parmi ceux qui ont de l’ambition.
Regarde l’Afghanistan, l’Iraq, la Syrie pis autrefois en Tunisie.
C’est de notre nature de droguer les indigènes et détruire leur culture sans considérer les répercussions que ça aura sur notre avenir.
On dit que l’homme blanc est la raison de nos malheurs, mais la réalité c’est juste qu’il était le premier à découvrir l’efficacité de la peur.
Mais on commence à vieillir puis je vois le vent changer. J’ai l’impression que les plus jeunes veulent vraiment évoluer. Donc à tous ceux qui lisent les écrits de mon creux, j’vous donne le flambeau en espérant qu’il y a encore du feu.
Ne faites pas comme nos parents, nos grand-parents et ceux d’avant. Réalisons que les gens sont plus importants que faire d’l’argent. Parce que même si la société nous fait courser à son image. On a quand même la possibilité de refuser pis de tourner la page.
Aux amérindiens qui lisent ce message, j’ai honte de dire qu’on a contribué à votre horrible héritage. En tant que vieux garçon, j’ai pas encore de solution. J’aimerais juste vous demander pardon pour tous nos mensonges et nos transgressions.
J’vous laisse avec empathie, transparence et amour. J’espère que mon message inspira à améliorer les prochains jours.