En réponse à cette situation critique, les politiques d’austérité n’ont fait qu’accroître les inégalités économiques, laisser stagner les salaires et provoqué une instabilité politique qui profite surtout à l’extrême-droite sous différents visages, que ce soit en France, en Italie, en Allemagne et aux États-Unis. À ces évolutions récentes, s’ajoute un aggravement des perturbations climatiques, des inondations aux sécheresses en passant par l’étiolement de la calotte polaire et la perte de biodiversité. Tous ces éléments prennent forme sur un arrière-fond politique alarmant, avec des droits et libertés bafoués par des états d’urgence et des décisions cruciales prises derrière des portes closes, dans des sommets tels que le G7 qui se tiendra en Charlevoix en juin prochain.

Fin du mariage entre capitalisme et démocratie?

Ces phénomènes sont liés à un recul général du pouvoir populaire face aux corporations et au 1%, ce qui laisse entrevoir plus largement la possibilité d’un divorce entre capitalisme et démocratie. Ces deux termes, qui ont su cohabiter dans la période d’après-guerre grâce à des taux de croissance records et des politiques robustes de redistribution des revenus imposées par les luttes sociales, tendent de plus en plus à s’opposer dans la période actuelle. C’est pourquoi il nous semble urgent de se rassembler et de penser des alternatives concrètes au néolibéralisme et, de plus manière plus ambitieuse, au capitalisme.

C’est dans cette optique que le forum international la Grande Transition : préparer la société après le capitalisme, aura lieu à l’Université de Québec à Montréal du 17 au 20 mai prochain. Près d’un millier de militant-e-s et intellectuel-le-s d’une douzaine de pays viendront discuter des problèmes auxquels nous faisons face, des stratégies pour assurer une transition vers des sociétés plus justes et les modèles qui peuvent inspirer nos réflexions. Le vendredi sera consacré à la compréhension et à la critique de l’économie capitaliste, le samedi portera sur les stratégies de transition et le dimanche se penchera sur les utopies et modèles post-capitalistes.

Il ne suffit plus de critiquer l’état actuel du monde, il nous faut en réfléchir un autre, à partir de ce qui se fait déjà et de ce qui pourrait se faire encore. Les coopératives, la démocratie de proximité, les fiducies foncières communautaires, le syndicalisme de solidarité, les luttes écologistes, féministes, syndicales, antiracistes, antifascistes, altermondialistes, autochtones et bien d’autres encore participent au développement d’une société plus égalitaire et plus libre.

Il ne suffit plus de critiquer l’état actuel du monde, il nous faut en réfléchir un autre, à partir de ce qui se fait déjà et de ce qui pourrait se faire encore.

2018 ne marque pas seulement le dixième anniversaire de la crise financière mondiale, mais aussi le cinquantième des soulèvements de 1968 en France, au Mexique, en République Tchèque, aux États-Unis et au Québec. Ces événements nous rappellent que la résistance citoyenne a une longue histoire, et les défis d’aujourd’hui nous rappellent que les gains sont toujours fragiles et que la résistance est toujours d’actualité. Mais la résistance ne suffit plus, il nous faut penser la société après le capitalisme pour que notre planète demeure habitable et que nos démocraties soient dynamiques et favorisent l’inclusion de tous et toutes.

Élisabeth Béfort-Doucet, porte-parole du Collectif de La Grande Transition.

La Grande Transition. Préparer la société après le capitalisme.
Conférence internationale du 17 au 20 mai à l’UQAM.
Programmation et billets : https://thegreattransition.net/fr/accueil/