Ce mardi, les primaires tenues dans 4 États importants (l’Ohio, la Virginie occidentale, l’Indiana et la Caroline du Nord) ont donné une première confirmation : le style et les méthodes «à la Trump» continuent de faire recette auprès des électeurs et électrices républicain.e.s. Plusieurs candidats au Congrès ont en effet raflé la mise en se vendant comme des outsiders et en adoptant un discours anti-Washington. Ces prochaines semaines, un ensemble d’autres concurrents anti-establishment tentera de se frayer un chemin à travers les primaires républicaines.
Considérant l’appareil du parti républicain comme un boulet au pied de Donald Trump, leur objectif est de conquérir cet automne un maximum de sièges au Congrès, afin d’y appuyer l’agenda du président. En d’autres termes, après s’être emparé de la Maison-Blanche, les trumpistes veulent désormais faire tomber l’autre grand bastion institutionnel de Washington : le capitole.
Qui sont-ils, ces envahisseurs venus d’une autre galaxie? Étranges agrégats de politicien.ne.es ultra-conservateurs, d’activistes suprématistes et de gens d’affaires controversés, ce regroupement fait écho au flou idéologique caractérisant son initiateur. Un fil conducteur toutefois : une ligne idéologique nationaliste, une virulente rhétorique anti-élites et des stratégies de campagne fondée sur le culte de la personnalité entourant Trump.
Les cow-boys convertis
On trouve tout d’abord dans cette fronde d’extrême droite des figures publiques déjà connues, que la présidence Trump a poussés en politique.
C’est notamment le cas de Joe Arpaio, ancien shérif de comté en Arizona, qui s’est rendu célèbre en logeant durant plus de dix ans des détenus dans un campement en plein désert, une installation qu’il décrivait lui-même comme un «camp de concentration».
Récemment pardonné par le président Trump, l’ex-shérif vise désormais un siège de sénateur de l’Arizona.
Dans un État voisin, le Nevada, un autre cow-boy se lance en politique sous la bannière des anti-élites. Ryan Bundy, l’un des frères ayant mené en 2016 la fameuse occupation armée d’une réserve naturelle en Oregon, veut désormais devenir gouverneur. S’il ne se revendique pas ouvertement du #MAGA, plusieurs de ses thèmes de campagne (tels que combattre l’instauration de la charia et l’abolition des villes sanctuaires) y font directement écho. Au Nevada également, Danny Tarkarian, allié de Steve Bannon, le leader de l’Alt-right, vise quant à lui un siège de sénateur.
Ralliement suprématiste
Au sein de la vague trumpiste s’attaquant aux élections de mi-mandats figurent également quelques vétérans de l’extrême-droite américaine, dont les ambitions semblent avoir décuplé avec le climat de xénophobie soulevé par la présidence Trump.
Parmi eux, le plus controversé est sans conteste Arthur Jones, néo-fasciste et négationniste assumé, ancien membre de l’American Nazi Party. Bien que fermement condamné par le leadership républicain, celui-ci (faute de concurrent) représentera par défaut le parti dans la course pour le siège de représentant du 3ème district de l’Illinois.
S’y ajoute, en Virginie, Corey Stewart, porte-étendard de la cause confédérée ayant fait ses classes au sein du Tea Party, désormais en lice pour un siège de sénateur.
Enfin, s’il est difficile d’établir un portrait de famille exhaustif de la coalition #MAGA, celle-ci compte aussi dans ses rangs plusieurs copies de Donald Trump : des outsiders sans antécédents politiques, subitement parvenus sous les projecteurs. Parmi eux, Paul Nehlen, un suprématiste se décrivant en faveur d’une «Amérique blanche-chrétienne» et régulièrement attaqué pour des propos antisémites, est candidat comme représentant du 1er district du Wisconsin. Un autre nationaliste blanc, Sean Donahue, jugé en 2016 pour des menaces de mort, concourt quant à lui pour un siège en Pennsylvanie. Son crédo? «God, guns, liberty and nationalism», peut-on lire sur sa page Facebook.
Après le séisme, les répliques
Quelles sont les chances de succès électoral de ces candidats semblables à Donald Trump? A priori, celles-ci sont maigres (encore qu’il faille désormais se montrer prudent en la matière…). Pour autant, leur seule présence dans la campagne des midterms vient livrer deux signaux non-négligeables.
Le premier, c’est que Donald Trump n’est désormais plus un cas à part. Ayant démontré le potentiel de son style politique, celui-ci fait désormais de plus en plus d’émules à travers les États-Unis : figures à scandale et néophytes politiques n’hésitent plus à pénétrer dans l’arène institutionnelle, et entendent probablement la métamorphoser de l’intérieur. En d’autres termes, l’acrimonieuse campagne de 2016 ne restera probablement pas qu’une anomalie bientôt oubliée.
Deuxièmement, les propos et les plateformes de ces apôtres du #MAGA démontrent également que le discours de Donald Trump gagne en «normalité» : il n’est plus aberrant désormais de voir un.e candidat.e au Congrès déclarer publiquement que l’Amérique a été faite pour les blancs chrétiens. Plus encore, il semble que des politicien.ne.s parviendront dorénavant à former des coalitions électorales autour de tels programmes.
Ainsi, alors que les détracteur.e.s de Donald Trump rêvent d’impeachment ou comptent les jours jusqu’à la prochaine présidentielle, il y a de plus en plus de raisons de penser que le Trumpisme survivra à son créateur.