Un manque d’inclusion?

Un bémol ponctue mon enthousiasme. Il est important d’inclure les personnes trans à la rédaction de tels documents. C’est une question de représentation, de contrôle de qualité et de légitimité. Pourtant, je ne reconnais aucune personne trans et/ou non-binaire dans la liste de contribution à la rédaction, tant dans le nouveau guide que dans les lignes directrices. De même pour les organismes membres. Je remercie les personnes qui ont soulevé, de l’intérieur, ce même problème.

Pourtant, je ne reconnais aucune personne trans et/ou non-binaire dans la liste de contribution à la rédaction, tant dans le nouveau guide que dans les lignes directrices. De même pour les organismes membres.

Malgré la présence d’activistes respecté·e·s, je suis attristée par ce manquement. Des projets de cette envergure et si spécifiquement dédiés aux enjeux trans devraient inclure plusieurs noms de personnes trans connues. Plusieurs personnes trans ayant une expertise sur le sujet me viennent en tête, ces mêmes personnes auraient dû être appelées à contribuer à la rédaction.

C’est un manquement qui a des conséquences. Comme je l’ai fait remarquer au dernier Colloque de la Chaire de recherche sur l’homophobie, les documents, inspirés des travaux provenant de provinces anglophones, passent trop rapidement sur la question des pronoms et accords neutres en contexte scolaire francophone. Par exemple, le guide dicte le respect pour les pronoms neutres, mais ne dit rien de plus sur le sujet.

Est-ce que les accords non-genrés doivent aussi être respectés? Si oui, comment? Quels pronoms neutres existent? Comment respecter les élèves non-binaires en classe, notamment lorsqu’il est question d’expressions comme «les étudiants et étudiantes»? Toutes ces questions sont passées sous silence. Si on veut que les personnes non-binaires soient respectées, il faut donner les outils nécessaires au corps enseignant.

Peut-on savoir?

Quand j’ai soulevé la question de la représentation dans le contexte des directives de la Commission scolaire de Montréal, on m’a répondu que je ne pouvais assumer qu’aucune des personnes impliquées dans la préparation et révision n’était trans. L’idée sous-jacente a du vrai : je ne connais pas toutes les personnes trans du Québec et je connais plusieurs personnes trans impliquées qui ne désirent pas être reconnues comme telles. C’est un désir parfaitement respectable.

Ce n’est toutefois pas une réponse satisfaisante. La légitimité de ces documents est relié à leur capacité de bien représenter les réalités trans et les besoins de nos communautés. Cette légitimité est assurée, d’une part, par la responsabilité d’inclure des personnes trans dans le processus décisionnel, et d’autre part, par un niveau de transparence permettant aux communautés trans de s’assurer du respect de cette responsabilité. Si nous ne sommes pas capables d’affirmer que suffisamment de personnes trans ont participé à bien représenter nos points de vue, la Table nationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie des réseaux de l’éducation manque à ses obligations.

La légitimité de ces documents est relié à leur capacité de bien représenter les réalités trans et les besoins de nos communautés. Cette légitimité est assurée, d’une part, par la responsabilité d’inclure des personnes trans dans le processus décisionnel, et d’autre part, par un niveau de transparence permettant aux communautés trans de s’assurer du respect de cette responsabilité.

J’espère sincèrement que les documents futurs ne répéteront pas la même erreur. L’histoire trans est parsemée d’exemples de politiques créés à notre sujet sans nous. Il est temps de respecter l’essence de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne en refusant de continuer cette formule historique.

Florence Ashley, Activiste trans et candidate à la maîtrise en droit et bioéthique, Université McGill