«Je n’ai pas compris pourquoi Facebook a suspendu mon compte, surtout que je suis la seule des administratrices de l’événement à qui c’est arrivé», explique la militante Sandrine Ricci. «Je n’étais même pas vraiment dans l’organisation, je n’ai fait que relayer l’événement», dit-elle. Ce dernier a également été supprimé par Facebook, avec comme justification qu’il «allait contre les standards de la communauté.» «C’est donc très certainement des « gunnies » ou autres antiféministes qui ont signalé l’événement en masse, tout comme le compte de Sandrine…», pense Florie Dumas-Kemp, l’une des administratrices de l’événement.

«C’est donc très certainement des « gunnies » ou autres antiféministes qui ont signalé l’événement en masse, tout comme le compte de Sandrine…»

En effet, des comptes ou des événements peuvent être supprimés par le réseau social suite à un nombre très élevé de signalements provenant d’individus ou de groupes. Processus automatisé, les équipes de Facebook peuvent remédier à la situation rapidement, mais cela peut avoir de nombreuses conséquences sur les individus ou les groupes dont les comptes personnels ou événements sont suspendus, même temporairement.

Sur la page Facebook de Tous contre un registre québécois des armes à feu, qui organise l’événement intitulé «rassemblement des gunnies», aucun appel à signaler des comptes ou des événements. Mais d’après Florie Dumas-Kemp, «généralement il y a des groupes secrets où les gens se coordonnent pour signaler en masse… mais c’est possible que ça vienne de groupes Facebook également.»

Signalement massif des «gunnies»?

Joint au téléphone, Guy Morin, vice-président du groupe Tous contre un registre québécois des armes à feu, a affirmé ne pas être au courant et ne pas avoir fait d’appel à ses militant-es afin de signaler la contre-manifestation, ni le compte de l’une des administratrices.

Il a par ailleurs confié que son organisation a choisi elle-même de suspendre sa page Facebook parce «qu’on y recevait plusieurs attaques violentes». Elle a été remise en circulation ce matin, où on peut y obtenir les détails et des indications très claires sur la tenue de l’événement de demain, qui se tiendra à Québec sur un terrain privé. On peut notamment y lire que «suite à la controverse et aux risques de contre-manifestations avec tous les impacts que ça peut avoir, le lieu du RASSEMBLEMENT PACIFIQUE pancanadien contre le contrôle excessif des armes a feu a été changé.» Il est également indiqué de prendre note que comme l’événement aura lieu sur un terrain privé, «l’accès sera par le fait même contrôlé […] et qu’une pièce d’identité avec photo sera exigée (…)», et «qu’aucun logo représentant un groupe qui ne soit pas DIRECTEMENT relié aux armes à feu ne sera toléré.»

Pour M. Morin, le débat entourant la législation des armes à feu en est un «beaucoup plus rural qu’urbain». «Nous avons sous-estimé à quel point l’événement du 6 décembre 1989 était encore très émotif pour les Montréalais. On a donc choisi de complètement sortir de l’île et de faire ça plutôt à Québec», a-t-il affirmé.

«Nous avons sous-estimé à quel point l’événement du 6 décembre 1989 était encore très émotif pour les Montréalais. On a donc choisi de complètement sortir de l’île et de faire ça plutôt à Québec»

Le lieu du rassemblement, fortement décrié par plusieurs politiciens, laisse penser que la classe politique ne soutient que faiblement la cause de M. Morin et de son groupe, constitué en OBNL, «dont l’objectif principal est de bloquer toute tentative du gouvernement québécois de récréer un registre des armes à feu», peut-on lire sur la page Facebook de l’organisme. «Honnêtement, ça fait des années qu’on essaie de leur [les politiciens] parler, et ils ne veulent rien savoir. Je n’ai que faire de ce qu’ils pensent. Ce qui m’intéresse, c’est les gens qui soutiennent notre cause et comment les médias rapportent les faits», a-t-il dit.

Un appel aux activités du 6 décembre

Aucun contre-événement n’a encore été annoncé pour demain à Québec. Les organisatrices du contre-événement à Montréal ne comptent pas en organiser un autre, considérant que leur objectif a été atteint; il n’y aura pas de rassemblement pro-armes sur un lieu de mémoire des victimes du 6 décembre 1989. Elles appellent néanmoins la population à participer aux événements prévus pour le 6 décembre prochain sur cette page Facebook.