Non content que son délicieux numéro cosigné avec Mike Ward sur le petit Jérémy ait été retiré du Gala des Oliviers, Guy Nantel décide maintenant de se faire la piasse sur le dos des victimes d’agressions sexuelles. Parce qu’on s’entend, les «grands» humoristes du Québec ont des salaires à faire rougir les médecins spécialistes. Quand Nantel parle «d’art» sur sa page Facebook, y’a une coupe de comédiens qui s’étouffent dans leur gruau. Le huitième art peut-être?
Donc, Guy, dans son dernier spectacle, fait référence à Alice Paquet comme «la fille qui aurait couché avec le ministre Libéral, le grec» – parce que la nommer, ce serait trop dégoûtant. Mononc, qui n’a qu’une liberté d’expression et ne compte pas la gaspiller avec de vaines batailles, s’époumone (hors contexte, évidemment, parce qu’une fois qu’on a le contexte on comprend pourquoi c’est drôle): «Non mais lâchez-moé avec votre maudite culture du viol hein».
C’est vrai ça, qu’est-ce qui nous a pris de vouloir commencer à défendre notre intégrité physique? C’est pas parce qu’il y a des millions de femmes qui ont dévoilé leurs histoires d’agressions sexuelles dans les dernières semaines qu’on peut parler d’un phénomène systémique. C’est juste vraiment beaucoup de cas isolés les uns après les autres.
Rire de tout le monde égal, même ceux qui ne sont pas «égal»
Les handicapés, les femmes. Qui seront les prochains? Les Noirs? As-tu pensé à te faire un black face dans ton prochain show mon Guy? Ou une bonne blague d’esclavage? Les femmes voilées peut-être? Ou pourquoi pas les gays? Une petite craque de sexe anal, me semble que ça fait oublier la semaine au bureau ça non?
On n’a pu le goût de vous expliquer patiemment pourquoi c’est pas drôle, cracher sur les plus faibles, même en «joke». Pourquoi derrière la liberté d’expression se cachent des capacités inégales de s’exprimer dans l’espace public. Pourquoi, même au «deuxième degré», quand on tourne en dérision ceux et celles qui se battent pour leur émancipation, on contribue concrètement à maintenir les hiérarchies en place.
La lutte, vous connaissez?
Si l’éducation des hommes était une bonne avenue pour la cause féministe, on l’aurait su ça fait longtemps. Guy Nantel a presque 50 ans. Ça veut dire qu’il a été élevé par une mère qui a connu la révolution féministe. J’imagine qu’elle ne lui a sûrement pas appris à traiter les femmes comme des sacs de merde. Et même si c’était le cas, les occasions n’ont pas manqué, depuis l’affaire Gomeshi et le mot clic #AgressionNonDénoncée, pour s’éduquer sur le consentement et les violences sexuelles. Visiblement, ça n’a pas percolé dans toutes les cafetières.
À partir de maintenant, on va juste vous dire de vous la fermer, sans davantage de cérémonie. Oui Guy, tu as bien lu : ferme-la. La Commission des droits de la personne, tu t’en fous? Hé bien nous, on s’en fout que tu t’en foutes. Tu vois comme c’est beau le féminisme post-éducatif. C’est tellement relaxant!
Avec les mascus, c’est comme avec les fascistes: tous les moyens sont bons pour les arrêter. S’il faut se prendre des billets pour aller lancer des tomates sur Guy Nantel à sa prochaine représentation, on le fera. Je lance l’idée juste comme ça, hein, en toute liberté d’expression. Bien sûr, c’est au deuxième degré. Allez, détendez-vous un peu! On dirait que vous avez avalé votre bol de rectitude politique de travers ce matin.
Guy «refuse de [s]e laisser intimider par ceux qui souhaitent de [sic] faire taire au nom du “bon goût” en humour.» On dirait qu’il n’a jamais vu une salle remplie de féministes en colère…