Sur sa page Facebook, La Meute donnait rendez-vous à ses militant-e-s dans le stationnement. C’est à cet endroit seulement qu’elle allait dévoiler publiquement son trajet, et ce, afin de marquer une page d’histoire du Québec. Une stratégie qui lui a joué bien des tours.
Même si la presque totalité des contre-manifestant-es se sont réuni-es à 13h à la Place d’Youville, un petit groupe a assiégé la sortie du stationnement du Complexe G, où était réunie La Meute – et où elle aura été confinée pendant quatre heures.
De son côté, la contre-manifestation de plusieurs centaines de personnes a quitté la Place d’Youville vers 13h30 pour se diriger vers le Parlement. Sur place, le groupe s’est divisé une première fois. Ceux et celles voulant lancer un message d’inclusion dans une ambiance familiale sont restés au Parlement, mais plusieurs ont quitté vers le Complexe G pour rejoindre le blocage de La Meute. C’est à cet endroit que la contre-manifestation est devenue plus confuse et divisée. Certain-es voulaient demeurer uni-es, d’autres souhaitaient couvrir toutes les sorties du Complexe, craignant que La Meute ne s’échappe. Plusieurs ont rebroussé chemin.
Le groupe qui demeurait près des portes de sortie du stationnement était calme, scandant des slogans antifascistes et des «bienvenues aux refugié-e-s et aux immigrant-e-s». Avant de se faire arrêter violemment, le militant Jaggi Singh ne faisait que danser et scander des slogans, ou partageait quelques informations aux contre-manifestant-e-s.
Puis, des pétards et une bombe fumigène éclatent au loin, sur la rue Jacques-Parizeau. Des militant-e-s aimeraient pouvoir encercler le Complexe G, mais le SPVQ ne les laisse pas faire. La police sécurise rapidement une grande partie des rues avoisinantes du Complexe G, éparpillant les manifestant-e-s vers la Grande Allée, le Parlement ou René-Lévesque.
Confusion
Bien que plusieurs militant-e-s en appelaient au calme, et que la majorité des quatre heures ont été calmes, certaines tensions ont explosées. Une personne marchant avec un drapeau jugé raciste a été tabassée sur Grande Allée, suivi d’une discussion tendue. Ce qu’on ne dit pas assez souvent, toutefois, c’est que ce sont des militant-e-s cagoulé-e-s qui ont donné les premiers soins à la victime et qui ont calmé le jeu.
Le travail des journalistes été compliqué par moments. Des médias ont été invectivés, dont le représentant de Ricochet, pris pour un nazi (sans savoir pourquoi). D’autres ont été bousculés et du matériel aurait été saccagé. Le SPVQ n’était pas toujours collaboratif non plus. Dans ce genre d’événements, les journalistes ne sont jamais les bienvenu-es et il n’est pas facile de les différencier, puisque n’importe qui peut maintenant s’acheter le même matériel que les médias, dans une certaine mesure.
Les quelques cas de violence sont des cas isolés. Malgré tout, il n’y a pas eu de vent de panique ou de réelle menace pendant les événements.
Bien que déclarée illégale vers 14h30, ce n’est que vers 16h15 que la police a commencé à repousser les militant-e-s des sorties de stationnement, vers le boulevard René-Lévesque. Vers 17h, il restait quelques personnes ici et là sur le boulevard. Finalement, La Meute a commencé à sortir du Complexe G vers 18h.
Pendant un bon moment de l’après-midi, peu de gens savaient vraiment ce qui se passait et ce qui allait arriver. L’attente, qui résume l’après-midi de plusieurs manifestant-e-s, semblait reposer sur le groupe qui se lasserait en premier: les contre-manifestants, La Meute ou les policiers. La Meute a pris beaucoup de temps à prendre une décision sur sa propre action, décidant finalement de marcher en silence une fois libérée du stationnement.
Pour visionner une vidéo prise lors de la manifestation, c’est ici.