Depuis plus d’un an, j’utilise ma page Facebook dans une démarche interdisciplinaire afin de créer un espace de discussion publique sur des enjeux féministes. Ces murets argumentaires sont communs, rendant l’échange féministe plus ardu et le cadrant selon des paramètres parfois douteux. Je les appelle maintenant affectueusement les «petits cailloux de la dérive».
Jeudi matin, explorant mon fil d’actualité, je tombe sur un extrait de l’émission de Mario Dumont, datant du 24 mai. Dans cet extrait, il interview trois des candidats pour l’élection partielle de la circonscription de Gouin : Benjamin Bélair de la Coalition Avenir Québec, Gabriel Nadeau-Dubois de Québec solidaire et Jonathan Marleau du Parti libéral du Québec.
Arrêt sur image.
«Elle est où Vanessa Dion d’Option nationale?»
Doucement, la conversation sur mon mur Facebook s’oriente vers le faible score d’Option nationale aux dernières élections. Puis on mentionne que le candidat du Parti conservateur (Samuel Fillion Doiron) et celui du Parti vert (Alex Tyrrel) n’ont pas été invités non plus. S’en suit la joute argumentaire pour ou contre la fusion QS-ON, sans oublier ce fameux coup de pelle que le Parti Québécois s’est pris en plein visage cette semaine.
Mais Vanessa Dion, femme de moins de 30 ans, candidate pour Option nationale dans la circonscription de Gouin, elle est où?
Je ne me prononcerai pas sur la plate-forme d’Option nationale ni sur sa pertinence dans l’appareil politique. Je ne milite pour aucun parti. Je m’intéresse à la paroles des femmes, à leurs actions qui passent souvent dans le beurre et à ces moments d’invisibilité qu’on ne compte plus.
Petit Poucet à l’envers
Entretenir un espace de discussion sur des enjeux féministes à mêmes les médias sociaux, ça veut dire lire des commentaires qui transforment. C’est se faire présenter des points de vue auxquels on avait jamais pensé. Ça implique de l’écoute, de la lecture et du temps. Mais si je dois être tout à fait honnête, ça veut aussi dire se prendre pour le Petit Poucet à l’envers, c’est-à-dire qu’au lieu de semer des petits cailloux derrière moi pour retrouver mon chemin, j’enlève les petits cailloux de la dérive du chemin pour permettre aux idées de passer.
Que voulez-vous, avec le temps, les féministes sont passées maîtres dans l’art du Petit Poucet à l’envers.
Je suis d’avis que tous les partis politiques devraient avoir un droit de parole équivalent dans l’espace médiatique. Je suis aussi d’avis que la sélection médiatique augmente considérablement la visibilité de certain.e.s candidat.e.s et donc, leurs chances de l’emporter.
Cela étant dit, permettez-moi vous parler de l’absence de Vanessa Dion, non pas en tant que candidate d’Option nationale, mais bien en tant que femme. Autorisez-moi à vous dire qu’il y a actuellement 29% de femmes à l’Assemblée nationale et qu’une seule a moins de 40 ans (Catherine Fournier du Parti Québécois).
Laissez-moi vous rappeler que ces chiffres sont sensiblement les mêmes au Canada, aux États-Unis et en Europe de l’Ouest.
Comprenez-moi bien: je ne suis pas en train de dire que Vanessa Dion n’a pas été invitée à l’émission de Mario Dumont parce qu’elle est une femme. Ce que je dis, c’est que dans le contexte actuel, nous nous devons d’inviter Vanessa Dion PARCE QU’elle est une femme (qui plus est de moins de 30 ans). Il est primordial que les femmes se voient dans autre chose que la pub de shampoing qui passera pendant l’émission de Mario Dumont.
Les femmes sont nombreuses à avoir fait des sorties dans les médias concernant les difficultés spécifiques qu’elles rencontrent en politique, en affaires ou encore dans l’espace médiatique. Des femmes comme Elsie Lefebvre, Pascal Navarro, Lili Boisvert, Marilyse Hamelin, etc. Ces enjeux sont de taille et ont un impact direct sur la participation des femmes à l’exercice démocratique.
Petit Poucet à l’endroit
Je nous souhaite de saturer l’espace médiatique et politique de femmes, quitte à pousser l’audace à 50%+1. J’invite nos alliés à refuser de collaborer avec les Boys Club. Inondons le fil d’actualités d’un récit égalitaire.
Cet espace médiatique est aussi le nôtre. Ceci n’est pas un traitement de faveur.