Je vous cite ici François Legault, qui n’a pas lâché le terrain de la politique identitaire depuis son retour de vacances. C’est le Legault 2.0, qui ne manque plus une occasion pour trainer le débat public sur ces enjeux forts sensibles. Pendant ce temps, le PLQ fait ce qu’il veut pour favoriser sa clique avec ces politiques économiques.
Pourtant, l’autre François Legault tenait une position plutôt tranquille dans le dossier de la Charte des valeurs. Surtout, le retour en politique du François Legault première mouture avait un objectif clair : il faut éviter les distractions et se concentrer sur l’économie. Tout à coup, voilà que Legault évoque la survie du français comme étant la bataille de sa vie. «Je vais mourir nationaliste», qu’il a dit. Aujourd’hui, c’est François Legault qui crée les distractions, notamment lorsqu’il fait une sortie très bien calculée sur le burkini. Depuis la fin de l’été, on ne parle que de la CAQ. C’est malhonnête, mais c’est plutôt habile.
Évidemment, il y a beaucoup d’eau qui a coulé sous les ponts depuis la création de la CAQ. Un Pierre-Karl Péladeau complètement nul. Des opportunistes qui fuient le PQ pour se joindre à la CAQ. Un PKP qui démissionne. Et surtout, une course à la chefferie du PQ qui ne compte qu’un seul candidat qui joue la carte identitaire, Jean-François Lisée. Alexandre Cloutier préfère souhaiter une bonne fin de ramadan sur Twitter.
En ce lendemain de l’Aïd al-Fitr, je tiens à offrir mes meilleurs voeux à tous les Québécois et Québécoises de confession musulmane.
— Alexandre Cloutier (@alexcloutier) 7 juillet 2016
Il y a là une immense opportunité pour le parti de François Legault. Si Lisée gagne, Legault peut faire le pari qu’il sera meilleur que lui, qu’il le battra sur son propre terrain. Pendant ce temps, QS ira chercher les votes progressistes, ce qui permettra à la CAQ de gagner des comtés un peu partout sur le territoire. Si Cloutier gagne, de nombreuses divisions seront à venir au PQ. Legault pourra ainsi grapiller davantage de transfuges. Il sera ainsi en mesure de consolider sa deuxième place. Le virage identitaire de la CAQ est bien calculé. Il est avant tout opportuniste.
Depuis 2011, la CAQ a tenté de jouer au centre. Rappelez-vous, lors de la première campagne électorale où elle essayait de courtiser les anglophones de l’Ouest de l’Île de Montréal. Elle a retiré de son programme des propositions économiques controversées. La CAQ joue aujourd’hui beaucoup plus clairement sur le terrain du populisme de droite. En somme, la CAQ est redevenue l’ADQ. Il ne manque plus que le retour en politique de Mario Dumont.