Qu’à cela ne tienne, l’Association des microbrasseurs du Québec (AMBQ) a décidé de prendre les choses en mains, en organisant son propre événement: l’Immersion brassicole unique (IBU), qui commence demain à la TOHU et a lieu jusqu’à dimanche.

«C’est vraiment la mode, les festivals de bières, mais on trouve que l’expérience de dégustation est souvent trop rapide», explique Stéphane Ostiguy, cofondateur et copropriétaire du Dieu du Ciel! et membre du comité organisateur de l’IBU. L’événement, qui ne se veut pas un festival, selon le manifeste qui en fait la promotion, vise à mettre en vedette et au coeur de tout la bière de microbrasserie, en réinventant le concept de dégustation, et en contribuant à l’amélioration des conditions de travail des microbrasseurs d’ici.

«On a souvent l’impression que la bière n’est qu’un prétexte pour faire un festival, mais n’est pas véritablement centrale. On trouve que ça perd un peu de l’essence de ce que ça devrait être: une réelle dégustation de bière», explique M. Ostiguy. Il ajoute que souvent, les profits de tels événements vont plutôt aux promoteurs qu’aux microbrasseries présentes pour y vendre leurs produits.

Un concept différent

«On a voulu réinventer le modèle, en ne plaçant pas nécessairement les bières par microbrasseries parce que souvent les gens ont tendance à aller vers ce qu’ils connaissent», explique M. Ostiguy.

«On a voulu réinventer le modèle, en ne plaçant pas nécessairement les bières par microbrasseries parce que souvent les gens ont tendance à aller vers ce qu’ils connaissent»

Ainsi, les kiosques de IBU seront divisés en deux grandes sections: par régions, et par type. On retrouvera donc plusieurs bières de différents coins de la province réunies sous une seule bannière, ainsi que les styles de bières sous une autre, qui présentera les IPA, les bières sures, celles de saison et celles aux fruits. Avec des prix d’entrée accessibles (entre 12$ et 85$, incluant toujours des verres de dégustation), nourriture et diverses animations (musique, jeux, etc.) seront également disponibles, même si la bière reste bien entendu l’étoile de l’événement.

«Un « tripeux » de bière va vraiment être content, mais on veut que les gens qui connaissent moins ça viennent aussi, dans une perspective de découverte. Il y a aura plus de 350 bières sur trois jours, donc il devrait y en avoir pour tous les goûts», affirme l’organisateur.

Plus de produits sur les tablettes

L’AMBQ a voulu faire d’une pierre deux coups en organisant un événement qui lui ressemblait plus, et qui servirait aussi de moyen de financement pour l’association. Celle-ci doit en effet gérer de nombreux dossiers et défendre ses membres, et manque de personnel et de moyens pour le faire. L’un des chevaux de bataille de l’AMBQ: que les bières de microbrasseries se retrouvent en plus grand nombre dans les restaurants, bars et dépanneurs du Québec.

Les grands brasseurs de ce monde ont encore la mainmise et presque le monopole du marché. Au Québec, les microbrasseries ont à peine 8% du marché, incluant les restaurants et les bars.

«Les grands brasseurs de ce monde ont encore la mainmise et presque le monopole du marché. Au Québec, les microbrasseries ont à peine 8% du marché, incluant les restaurants et les bars. Paradoxalement, les grands brasseurs perdent des parts de marché parce qu’il se boit de moins en moins de bière à l’échelle mondiale, mais au Québec, les microbrasseries sont de plus en plus populaires. Les gros brasseurs font donc tout pour nous barrer le chemin, notamment en multipliant les partenariats commerciaux avec les grosses chaînes», déplore M. Ostiguy.

Pour les microbrasseurs donc, le marché est bloqué, et l’AMBQ entend bien travailler à faire changer les lois, qui datent de la prohibition et ne sont pas adaptées à la réalité d’aujourd’hui, d’après le propriétaire du Dieu du Ciel! Pourtant, les microbrasseries se multiplient et connaissent un grand succès au Québec, plus que les autres secteurs brassicoles, en plus de créer de l’emploi en région. Pour Stéphane Ostiguy, il faut donc que les microbrasseurs travaillent ensemble à se tailler une place au soleil, au même titre que les grandes industries de la bière, et à faire connaître des bières uniques et issues d’une production limitée à tous et à toutes. L’IBU est un bon début.

IBU, du 26 au 28 août à al TOHU (2345, rue Jarry)