La marche festive, qui a commencé vers 13 h 15 à l’angle de la rue Saint-Mathieu et du boulevard René-Lévesque, a attiré environ 300 000 spectateurs et spectatrices de tous âges, massé-es sur les trottoirs et dans les rues sur une distance de près de trois kilomètres. La marche s’est essoufflée vers 15 h 30 sur la rue Saint-Denis, où la circulation a rapidement repris.

Drag queens, drapeaux multicolores, tambours et chars allégoriques ont défilé pendant deux heures sous le regard ravi de citoyens et citoyennes venu-es célébrer la communauté LGBTQ. Au milieu des gladiateurs et des danseuses et danseurs indiens se trouvait un autobus de la Société de transport de Montréal (STM) décoré de drapeaux aux couleurs de l’arc-en-ciel.

La présence de membres du regroupement Arc-en-ciel d’Afrique à la tête du défilé témoignait de la place particulière accordée aux minorités visibles dans le cadre de cette 10e édition de la parade de Fierté Montréal.

La présence de membres du regroupement Arc-en-ciel d’Afrique à la tête du défilé témoignait de la place particulière accordée aux minorités visibles dans le cadre de cette 10e édition de la parade de Fierté Montréal.

«Ce sont des personnes qui sont doublement stigmatisées», a soutenu le président fondateur de Fierté Montréal, Éric Pineault, en référence aux personnes LGBTQ qui font partie d’une minorité visible.

Zacharie Goudreault

Les Premières Nations ont également eu une voix lors de cette parade, soit celle de Mona Belleau, militante Inuk et coprésidente d’honneur de l’événement. Celle qui déplore l’homophobie et le racisme dont sont victimes les membres de la communauté LGBTQ qu’elle représente voit poindre une lueur d’espoir à l’horizon. «On a accueilli l’homophobie [dans la communauté inuite], mais j’espère qu’on peut aussi accueillir l’ouverture», a-t-elle confié à Ricochet.

Le défilé a également été marqué par la présence de dizaines de personnalités politiques de tous les paliers de gouvernement au Canada et de l’ensemble des principaux partis de la scène provinciale et fédérale.Le premier ministre Justin Trudeau était en outre le premier chef d’État canadien à prendre part à cette parade annuelle. «Le Québec a toujours su représenter les membres de la communauté LGBTQ dans ce défilé. Nous allons continuer à travailler fort pour avoir la société ouverte qu’on mérite d’avoir», a affirmé le premier ministre lors d’une brève allocution aux médias quelques minutes avant le début des festivités.

Le premier ministre Justin Trudeau était en outre le premier chef d’État canadien à prendre part à cette parade annuelle.

La foule était d’ailleurs si impatiente de prendre un cliché de l’homme d’État pendant la marche que les policiers ont dû forcer certain-es citoyen-nes à reculer sur le trottoir afin de conserver une zone de sécurité autour de M.Trudeau.
Le maire de Montréal, Denis Coderre, a quant à lui salué la présence d’autant de politiciens et politiciennes «alors qu’on n’est même pas en campagne électorale. On envoie le message qu’on est une seule communauté unie», a-t-il ajouté.

de silence
Les milliers de marcheurs et marcheuses et de personnes participantes ont soudainement cessé de festoyer à 14 h 30 et ont levé un poing dans les airs en hommage aux victimes d’homophobie dans le monde. Ces trois minutes de silence visaient en particulier à honorer les victimes de la tuerie d’Orlando. Des pancartes avec la photo et le nom des 49 victimes de ce crime homophobe étaient d’ailleurs visibles au sein du défilé.

Zacharie Goudreault

«Il faut se souvenir qu’il y a encore de nos jours des personnes qui meurent à cause de leur identité sexuelle», a rappelé Éric Pineault. Le fondateur de Fierté Montréal a également précisé que «les mesures de sécurité ont été doublées» pour cette parade, de nombreux policiers en civil ayant supervisé le défilé aux côtés de membres du SPVM et de la GRC.

À la suite de ce moment solennel, la députée de Québec solidaire dans la circonscription de Sainte-Marie-Saint-Jacques, Manon Massé, avait les larmes aux yeux. «C’est un moment essentiel pour se rappeler qu’à travers le monde la vie n’est pas toujours facile pour les personnes LGBT», a déclaré la politicienne, qui souhaite voir plus de cours d’éducation sexuelle être donnés dans les écoles du Québec.

«C’est un moment essentiel pour se rappeler qu’à travers le monde la vie n’est pas toujours facile pour les personnes LGBT»

«Au lieu de lever le poing, j’ai prié. Mon silence était pour toutes les victimes d’Orlando», a confié le coprésident d’honneur de l’événement, Sridhar Rangayan. Originaire de l’Inde et ouvertement homosexuel, Rangayan est également directeur d’un festival international de cinéma queer à Mumbai.
Alors que de s’afficher homosexuel est un acte criminel dans son pays d’origine, le cinéaste salue l’ouverture du Canada, mais rappelle qu’on a «besoin d’une pression globale afin d’assurer le respect des droits de l’homme dans le monde».

«L’injustice, où qu’elle soit, menace la justice partout», pouvait-on d’ailleurs lire sur une affiche au milieu de la foule.