Les mots manquent pour parler de Nice…
Mais il nous en reste encore quelques-uns.
Chacun de ces attentats provoque la même réaction : dénonciation de l’Islam, laïcité pour tous (sauf la majorité), politiques sécuritaires, identitaires, militaristes, réactionnaires… Chaque fois, le même discours de la droite sans complexe prend du coffre. La nation est en péril! La civilisation est menacée! C’est un problème moral!
Toujours le même discours facile des «va-t’en-guerre-nous-on-ne-la-fait-pas». Toujours la même rengaine brunâtre faisant les grands titres en se prétendant victime de censure. Toujours la même absence de réflexion érigée en analyse. Toujours le même renversement des rapports de force. Toujours le même vide pathétique érigé en cri de liberté. Toujours le même racisme prévoyant le coup en se défendant de l’être avant la réplique ― qui ne viendra par ailleurs que très rarement.
Tout ce qui se rapproche même de loin d’une réflexion est étiquetée de mollesse, voire de justification du terrorisme. Le colonialisme? L’apartheid en Palestine? Le soutien aux marchands d’armes d’Arabie Saoudite et de Tunisie? L’invasion de l’Irak? De l’Afghanistan? Les opérations en Afrique du Nord?
Rien à voir! Et peu importe les centaines de milliers de morts…
Des liens avec la pauvreté grandissante? Avec la mondialisation économique? Avec l’impuissance systématique des gouvernements? Avec la corruption généralisée? Avec la montée de l’extrême droite? Avec la crise des banlieues? Avec la perte de sens et de repères?
Ce que vous pouvez être naïfs!
La crise écologique? La corruption généralisée? La gauche identique à la droite? Le rejet de «l’autre» qui se fait de plus en plus violent et radical? »La stigmatisation des réfugiés victimes du…terrorisme? Le désespoir d’une société qui n’a aucun avenir à offrir, sinon celui de la préservation du «moins pire»?
Ceux qui portent ce discours sont des «idiots utiles» de l’Islam.
Les pourfendeurs de «rêveurs» et de «naïfs» offrent pourtant une explication à ce qu’ils considèrent comme de mauvais goût d’expliquer. Manifestement, on peut discuter. Il faut toutefois que l’ «analyse» cadre avec la conformité ― qui est par ailleurs déterminée par le haut. Le problème, c’est l’Islam. Dixit la sociologie. Dixit l’histoire. Dixit la politique et l’économie. Pratiquement aucune discussion n’est possible. En ces temps de crise, les «intellectuels» organiques du pouvoir prennent leur rôle au sérieux. Leur discours est littéralement calqué sur celui de la hiérarchie politique.
Les mêmes politiques qui stigmatisent les musulmans d’Occident et séparent la jeunesse du peuple ― le bon, pas celui qui revendique et qui casse tout ― sont ainsi reproduites à la chaîne. Le peuple fantasmé par le haut doit combattre le peuple réel d’en bas. Les terroristes sont pris au sérieux. On les croit. Trop, même. Leur parole est considérée «vraie». Ils seraient en guerre contre la civilisation occidentale. Contre notre «mode de vie». Contre nos valeurs.
L’entente est éclatante. Brillante comme le soleil. Tellement qu’elle crève les yeux si on la regarde en face. Daesh, Hamas, Le Pen, Hollande, Obama, Finkielkraut : tous s’entendent à merveille. S’il y a la terreur, c’est pour défendre l’Islam. S’il y a la guerre, c’est pour défendre l’Occident.
Autre chose à ajouter? Surtout pas. Il ne faut rien changer. La trajectoire sécuritaire, identitaire, économique et militariste doit être poursuivie, sinon accélérée.
Jusqu’à la mort. Jusqu’au chaos. Jusqu’à la fin.
La guerre pour la paix devient la norme. Elle est la norme. L’exception devient permanente. Elle est permanente.
Et Dieu ne nous viendra pas en aide.