Puis, vient la 12e minute, la 20e minute, la 43e minute, la 45 minute. Croire, toujours croire, même si c’est 4-0, même si le jeu est devenu inégal. Et encore ce tambour qui résonne pendant la pause, ces mains qui se frappent, ce cri, sans cesse, cet «appel».
Alors, le match recommence, quelques yeux sont peut-être rougis chez les plus anciens, mais c’est la danse des plus jeunes qui prend le dessus. Blues, blondes, barbus et tous les autres vivent le moment à sa juste valeur, un exploit dans un monde qui en a besoin, qui a besoin d’exemples, qui a besoin de croire à l’impossible.
Et, à la 56e minute, l’Islande marque, la terre tremble. «Island!» répète sans fin une île.
Debout, au milieu de cette foule, je repensais à ce jour de 2004 alors que j’avais demandé au chauffeur d’autobus en passant devant le stade de Reykjavik : «Il y a un match? Qui joue?» et le chauffeur avait répondu quelque chose du genre : «C’est un match de qualification pour la Coupe d’Europe. Notre équipe nationale joue contre les Iles Feroé. Vous savez, ici, le foot, ce n’est pas tellement fort…». À l’œil, il ne devait pas y avoir plus de 200 personnes dans le stade islandais cet après-midi-là.
4 à 1, 5 à 1, 5 à 2…C’est maintenant tout un pays qui salue le coeur des siens. Les buts, le temps qui file, la fin du match…rien de tout cela n’a d’importance, avec les mains levées, le tambour qui cogne, les mains qui se frappent, ce cri… celui du dépassement, celui du respect, celui d’un pays.
Ah oui, j’oubliais presque. Ce soir la France et l’Islande ont joué davantage qu’un match de foot. Ils ont montré que la victoire peut être si belle et que c’est dans la défaite qu’on voit encore mieux les grandes nations. Il y en avait une ce soir, autour de moi ; une nation debout, qui y croyait. Islande, tu étais magnifique. Parti, partie, parti(es)…
«How I wish, how I wish you were here / We’re just two lost souls swimming in a fish bowl, year after year / Running over the same old ground / What have we found? The same old fears / Wish you were here.»
– Pink Floyd, entonnée par de jeunes Islandais dans une des rues de Reykjavik à la fin de la rencontre.