Les victimes également. Elles changeront ou pas. Elles seront homosexuelles ou non. Mais une chose demeure certaine : il s’agira d’individus paisibles qui n’auront fait de mal à personne. Des femmes et des hommes, des êtres humains, dont la vie est en principe sacrée.

Une autre chose ne changera pas plus. La cacophonie que suscitent à chaque fois les drames qui se multiplient ces dernières années. Le fou, était-il vraiment fou? Le musulman, était-il vraiment musulman? L’homophobe, l’était-il vraiment? Et ainsi de suite, jusqu’au nouvel attentat et ses nouvelles qualifications.

Ici même au Québec, Martineau, Ravary, MBC, et leurs semblables, ne changeront pas non plus. Ils se scandaliseront à répétition, à coups de chroniques convenues, dans lesquelles ils feindront demander s’il n’est pas venu le temps des amalgames. Comme s’ils ne faisaient pas déjà depuis fort longtemps dans la confusion et le mélange des genres.

À chaque tuerie, davantage que les vies injustement fauchées, la clique s’indignera encore et encore de ne pas pouvoir amalgamer, de ne pas pouvoir jouir de son droit à l’amalgame. Le tueur n’était-il donc pas musulman? N’avait-t-il donc pas crié « Allah Akbar » au moment où il déchargeait sa haine sur ses victimes?

Il faudrait absolument pouvoir le dire : le véritable meurtrier c’est l’islam (radical), et ses complices, notoirement connus, ne sont que nos propres voisins, les musulmans. Et si, tête dure, vous avez besoin d’une preuve additionnelle, regardez donc du côté de Mohamed, l’imam de la mosquée du Diable, qui refuse de (se) condamner sur commande.

Disons-le sans malice : le droit à l’amalgame, que revendiquent inlassablement les rois de l’opinion capricieuse au Québec, ressemble étrangement à celui que s’attribuent déjà les tueurs aux multiples qualifications de ces dernières années. En effet, n’est-ce pas lui qui se cache derrière les deuils de Paris, de Bruxelles, d’Orlando, et de toutes les villes africaines, moyen-orientales, arabo-musulmanes, où l’on ne compte plus les carnages?

Tout comme la violence indiscriminée qu’elle prétend aider à comprendre, la chronique amalgameuse a ainsi quelque chose de tragique. Elle ne se manifeste que pour semer la haine qui nourrit la violence qu’elle prétend pourtant vouloir prévenir.

Méchante, triste et insensée. Elle désole.