Les sirènes retentirent partout dans la ville sans parvenir à couvrir le bruit des avions qui approchaient. Femmes et enfants se ruèrent dans les abris humides et sales, en tremblant, en pleurant, en prières. Les hommes, eux, déjà condamnés, se regroupèrent et marchèrent droit vers les bombes qui tombaient du ciel.

Ce 1er septembre 1939 commençait la 2e Grande Guerre, et les Allemands avaient fait de Katowice en Pologne l’une de leurs trois premières cibles dans ce funeste dessein de conquérir le monde. Le feu, l’horreur, l’incompréhensible folie… plus de 60 millions de vies furent sacrifiées.

Ce 1er septembre 1939 commençait la 2e Grande Guerre, et les Allemands avaient fait de Katowice en Pologne l’une de leurs trois premières cibles dans ce funeste dessein de conquérir le monde. Le feu, l’horreur, l’incompréhensible folie… plus de 60 millions de vies furent sacrifiées.

Et le temps passa, laissa quelques traces au coin de certaines rues de même que dans les livres d’histoires. Puis, quelques décennies plus tard, en ce bel après-midi de la mi-juin, hommes, femmes et enfants marchent de nouveau sans crainte dans les rues qui relient les très nombreux centres commerciaux de la ville.

Les rares touristes qui s’y aventurent entendent maintenant l’air d’un accordéon, celui des tramways qui contournent la place du marché, les discussions parfois animées, les pleurs d’un bébé, des oiseaux qui chantent dans l’appartement situé au-dessus du Pub 7 Poleca.

Tout juste devant, sur l’étalage d’un bouquiniste barbu, on propose de grands volumes, dont quelques-uns sur Jean Paul II. Au coin de la rue 3— Maja, c’est un trèfle à quatre feuilles souriant qui vous accueille. Là, sur la rue Sokolska, ce sont des jeunes et des moins jeunes qui tendent des feuillets publicitaires en tout genre que les commerces refusent systématiquement.

Vers midi, au bureau d’informations touristiques, ce sont aussi deux jeunes filles visiblement aussi maquillées que surprises de voir ainsi arriver un voyageur qui leur demande: «et où est le meilleur endroit en ville pour regarder le match de ce soir?». Une des deux employées se tourne vers un ordinateur, vérifie, et répond avec ce même anglais très approximatif utilisé par toutes les autres personnes rencontrées dans cette ville, que «c’est là» tout en pointant sur la carte le logo du stade «Spodek».

Et c’est effectivement de cet endroit, de l’immense terrasse du stade «Spodek», qu’on entend, quelques heures plus tard, des applaudissements et des encouragements pour l’équipe habillée de rouge ainsi que des sifflets et des mots empreints d’un peu moins de compassion pour l’équipe vêtue de blanc. Avec le recul, le temps a effectivement passé sur le temps…

Et c’est effectivement de cet endroit, de l’immense terrasse du stade «Spodek», qu’on entend, quelques heures plus tard, des applaudissements et des encouragements pour l’équipe habillée de rouge ainsi que des sifflets et des mots empreints d’un peu moins de compassion pour l’équipe vêtue de blanc.

Ah oui, j’oubliais presque, ce soir, parmi les bruits de Katowice, ce fut celui de la célébration qu’on entendit dans les moments qui suivirent la partie. Il y a de ces matchs nuls qui ont parfois la saveur de la victoire. Pologne 0 – Allemagne 0. Parti, partie, parti(es)…

«Oublie tout et recommence. Tu n’es allé nulle part, tu es neuf, tu n’as rien vu, tu es seul bien que tu vieillisses, c’est le premier jour du monde.»
Félix Leclerc