À notre sommet annuel, le ministre a fait preuve de mépris envers le discours public, le qualifiant de «mal informé». Pourtant, il a refusé de nous transmettre de l’information pour notre Sommet, affirmant que c’était secret. De cette façon, nous croyons qu’il crée une prophétie qui s’autoréalise, paralysant le discours public qu’il pourra ensuite discréditer.

Le ministre change constamment ses motifs d’action : lorsque la loi 20 a été lancée, il a expliqué que les médecins devraient travailler davantage. Au sommet, questionné sur le rôle de l’interdisciplinarité, il a expliqué que les médecins seraient bientôt «forcés» de travailler en interdisciplinarité s’ils veulent supporter le fardeau accru qu’il leur aura imposé. Il nous semble donc évident que la rhétorique des «médecins paresseux» n’était qu’une mascarade pour forcer les médecins à accepter une entente. Nous déplorons d’ailleurs l’absence de la planification, de la structure et du financement nécessaires à cette solution interdisciplinaire. En outre, le ministre rate le concept de l’interdisciplinarité, qui n’est pas une façon d’accroître la productivité des médecins, mais plutôt une façon de créer des équipes de soins cohésives qui améliorent l’efficacité du système de santé.

Il nous semble donc évident que la rhétorique des «médecins paresseux» n’était qu’une mascarade pour forcer les médecins à accepter une entente.

De plus, le ministre a une vision cynique des futur-e-s professionnel-les de la santé. Il a affirmé, au sommet, que notre idéalisme nous quitterait rapidement le jour où nous ferons partie du «1 %» et ne penserons qu’à nos propres intérêts. Cette affirmation n’a pas été bien reçue, ni par les futur(e)s professionnel-les qui ne feront jamais partie du «1 %» et qui sont préoccupés par les patients et le système public, ni par les futurs médecins qui partagent les mêmes préoccupations. Sa vision des politiques publiques semble elle aussi cynique puisque le ministre s’est qualifié de «bulldozer» et traite la réforme comme étant un combat lors duquel il doit d’abord saisir le territoire, pour ensuite peut-être négocier.

Il a également réitéré l’impossibilité d’organiser une consultation publique puisque cela nécessiterait entre 20 et 30 ans. Pourtant, nous avons réussi en moins de six mois, avec des ressources limitées. Nous avons reçu 33 mémoires d’associations et de citoyen-nes, sur lesquels nous avons basé notre sommet de deux jours. En sont ressorties plusieurs recommandations, ridiculisées par le ministre qui les a décrites comme étant idéalistes et sans fondement budgétaire. Considérant le fait que les budgets sont des décisions politiques, nous encourageons le ministre et la population à visiter notre site web pour y trouver des recommandations réalistes, appuyées par un argumentaire qui considère les coûts et bénéfices, par exemple l’ajout de psychologues en première ligne.

Nous n’en pouvons plus de l’attitude condescendante et infantilisante de ce ministre.

Nous n’en pouvons plus de l’attitude condescendante et infantilisante de ce ministre. Nous appelons à l’inclusion du public et des professionnels tôt dans l’élaboration des réformes. Nous savons que lorsque le patient n’est plus au centre du système de santé, les conséquences sont lourdes pour les patients, pour nous, et pour la société.

Pour le ministre, ne pas impliquer la population lors des changements ne fera que discréditer son parti, endommager notre système de santé et insulter la population envers laquelle il est imputable. Nous avons prouvé qu’une consultation publique efficace peut être réalisée rapidement. En attendant de voir si le ministre saisira l’opportunité, le FRESQue continuera ses consultations publiques afin que toutes les préoccupations au sujet du système de santé soient entendues.

David Benrimoh est un étudiant en 4e année de médecine et co-fondateur du FRESQue. Il signe cet éditorial au nom du FRESQue.

Le FRESQue (Forum de la Relève Étudiante pour la Santé au Québec) est constitué de 27 associations étudiantes de futur-e-s professionnel-les de la santé de niveau universitaire et se dévoue à engager la population et à présenter la vision étudiante d’un système de la santé plus juste, efficace et accessible.