À cette époque, le PQ vantait la semaine de quatre jours et voulait donner un crédit d’impôt pour les voyages. C’est aussi l’époque où le PLQ et l’ADQ débattaient sur des questions économiques – et ils n’étaient pas d’accord. Mario Dumont voulait privatiser partiellement le système de santé. Pour Charest, il n’était même pas permis d’en discuter. Du tac au tac, Charest rétorqua à Dumont : «La santé n’est pas un bien de consommation.»

Du tac au tac, Charest rétorqua à Dumont : «La santé n’est pas un bien de consommation.»

Aujourd’hui, le PLQ fait pire que l’ADQ. Les libéraux privatisent tranquillement le système de santé sans même faire de débat public. Donnons cela à Mario Dumont : il souhaitait qu’un débat ait lieu dans l’espace public. Barrette, lui, a décidé d’y aller par en-arrière. Dans un premier temps il y a eu l’autorisation des frais accessoires. Ensuite le projet de donner le coût réel à chacun des actes par des cliniques privées poursuivies par la RAMQ. La prochaine étape sera probablement de commercialiser directement les soins de santé.

Fraîchement nommé président du Conseil du trésor, alors qu’il débutait la négociation du secteur public, Coiteux a fait l’affirmation suivante : «Non seulement avec les prochaines négociations qui s’amorcent, nous souhaiterons apporter des modifications à l’organisation du travail dans le but de toujours améliorer la performance du secteur public, mais également le gouvernement souhaitera revoir l’ensemble des paramètres administratifs de l’État.» Coiteux souhaitait reproduire le contenu de ses livres de management international dans les services publics québécois. Sur cet aspect, les syndicats ont réussi à lui faire mordre la poussière. Mais cela ne l’a pas empêché de conserver un poste important au sein du gouvernement. Rappelons finalement que certains de ses proches ont affirmé qu’il avait davantage d’affinités économiques avec le Parti conservateur… du Québec!

Un ministre de l’Éducation qui est contre le fait de changer d’idée, ça ne s’invente pas.

Cette semaine, Philippe Couillard a nommé une nouvelle personne à la tête des écoles du Québec, l’endroit où les enfants apprennent à lire et à compter. Il n’a fallu que quelques minutes pour que le nouveau ministre affirme «qu’il ne change jamais d’idée.» Un ministre de l’Éducation qui est contre le fait de changer d’idée, ça ne s’invente pas. C’est un peu comme s’il nous disait qu’il était contre le fait d’apprendre…

Et ce n’est pas fini. Une autre citation me vient en tête, celle de notre ministre des Finances, Carlos Leitão : «Le libre-échange c’est toujours bon.» Peu importe ce qui se passe. Peu importe si les traités sont une injustice pour sa nation, notre idéologue nous le dit. Le libre-échange c’est toujours bénéfique.

Jean Charest a été l’un des plus habiles politiciens que le Québec ait connus. De la loi spéciale lors des négociations du secteur public en 2003 à celle qui visait à mettre fin à la grève étudiante de 2012, il aura été un premier ministre vicieux envers la gauche. Cependant, Charest avait tendance à faire parler les faits (à sa manière) avant l’idéologie. Aujourd’hui, nos libéraux ont tendance à changer les faits pour que l’idéologie fonctionne. Charest était un politicien, un vrai. Même en fin de régime, on le voyait à l’Assemblée nationale rédiger à la main sa réponse à l’opposition, pendant que juste derrière lui, les backbenchers de son parti jouaient à la vidéo poker sur leur tablette. (Ce n’est pas une blague, ces députés le faisaient vraiment!)

Aujourd’hui, nos libéraux ont tendance à changer les faits pour que l’idéologie fonctionne.

Au Québec, une nouvelle ère politique s’amorce. Rarement la droite aura été plus idéologique que la gauche. Rarement la droite aura été aussi déconnectée des réalités quotidiennes de la population.

Plus que jamais, la gauche a les faits de son côté. Il lui suffit maintenant d’avoir les votes…