Selon la centaine de personnes qui ont collaboré à sa page Wikipédia, la dialectique est une méthode qui « désigne un mouvement de la pensée, qui se produit de manière discontinue, par l’opposition, la confrontation ou la multiplicité de ce qui est en mouvement, et qui permet d’atteindre un terme supérieur, comme une définition ou une vérité. » Voyons voir de quelle façon nous pouvons appliquer cette méthode à la radio parlée de Québec.
Dans un premier temps, ceux qui tiennent les micros de ces radios nous ont vanté sans cesse le modèle économique de l’Alberta. Il s’agit tout simplement de la chose la plus admirable au monde : « Quand il y a moins d’impôt, il y a moyen d’épargner » disent-ils. Ils ont aussi carburé longtemps à démolir tous ces enverdeurs qui nous cassent les oreilles avec le pétrole. La locution suivante pourrait résumer l’ensemble des propos injurieux contre le mouvement écologiste qui ose critiquer les sables bitumineux : « Heille les caves! L’Alberta, c’est ce qui permet au Québec de se payer vos maudits programmes sociaux! »
Mais cet argument, insinuant que l’Alberta est la meilleure chose du monde, ne fait malheureusement pas l’unanimité. D’autres animateurs – parfois les mêmes, qui aiment manifestement se contredire – ont rétorqué que la chose la plus admirable au monde serait le retour des Nordiques, et non les sables bitumineux de l’Alberta. Les radios de Québec ont mobilisé les habitants de la ville pour le retour d’une équipe de hockey. Un rêve qui changera à jamais la vie en société : une ville, un maire, une équipe.
Maintenant, en bon dialecticien, il est nécessaire de faire la synthèse de ces deux arguments afin que puisse émerger la vérité, comme nous l’impose la définition que j’ai présentée plus haut. La synthèse entre «Alberta» et «Nordiques» serait donc :
LES SABLES BITUMINEUX DE L’ALBERTA, QUI ONT PLOMBÉ LE DOLLAR CANADIEN, EMPÊCHERONT LE RETOUR IMMINENT DES NORDIQUES.
Cette affirmation, qui je l’espère ne déclenchera pas d’émeute, mérite quelques explications. Gérald Fillion nous le dit presque tous les jours : le prix du dollar canadien par rapport au dollar états-uniens a chuté sous la barre des 70 cents, soit une baisse d’environ 20% en un an.
Le prix d’une équipe de hockey, évalué à 500 millions l’an dernier, vient donc d’augmenter lui aussi de 20%, ce qui représente environ 100 millions supplémentaires. Il faut aussi ajouter à cela que, dans cette ligue, les revenus des équipes canadiennes sont en dollars canadiens, mais que la plupart de leurs dépenses sont en dollars américains (les salaires). Les deux grandes passions des radios de Québec se révèlent donc incompatibles. Les Nordiques se rangent donc, avec le chou-fleur, dans la catégorie des choses qui deviennent hors de prix.
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Dans un autre ordre d’idées, la descente aux enfers du Canadien de Montréal a mobilisé l’ensemble de l’espace public sportif. Depuis quelques jours, les solutions pleuvent : un gros échange, congédier l’entraîneur, changer de directeur général, faire jouer Carey Price blessé, etc. En tant que bon gauchiste, il est clair pour moi que la solution à ce problème est de nature politique : il est grand temps d’instaurer un crédit d’impôt pour les joueurs de hockey ayant 30 buts et plus.