Pendant trente-cinq ans, c’est le programme qu’ont appliqué pratiquement tous les gouvernements en Occident. À chaque année, les droits des travailleurs et travailleuses ont été restreints, des traités de libre-échange ont été signés et l’importance de l’état dans l’économie a diminué.

Cette révolution conservatrice a grandement accentué les inégalités de revenus et de richesse. Aux États-Unis, la classe moyenne est en recul important, au point où elle ne compte plus la majorité de la population. Sur le plan de la richesse, les 20 américains les plus riches possèdent maintenant plus que les 152 millions d’américains(50% de la population du pays) les plus pauvres. Cette réalité n’est pas difficile à obtenir quand 56% de la population a moins de 1000$ en banque.

Sur le plan de la richesse, les 20 américains les plus riches possèdent maintenant plus que les 152 millions d’américains(50% de la population du pays) les plus pauvres.

Les États-Unis ne sont que l’exemple le plus extrême de ce qui se passe partout dans le monde. C’est pourquoi la majorité de la richesse du monde appartient maintenant à 1% de la population mondiale et 62 personnes possèdent maintenant autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale.

Augmenter les inégalités a évidement nuit à la croissance économique. Pour la maintenir, les banques centrales ont diminué les taux d’intérêts, faisant exploser l’endettement des ménages.

De son côté, la déréglementation des marchés financiers a multiplié les crises financières et, surtout, les a grandement aggravées. C’est ainsi que le monde a connu en 2008 la pire crise économique depuis la grande dépression de 1929. La réaction de nos gouvernements a été de donner des centaines de milliards de dollars aux banques et d’accentuer les politiques d’austérité.

Avec un filet social de plus en plus petit à cause de la diminution de la taille de l’État, ces politiques ont généré une souffrance et une détresse énorme pour une partie de plus en plus grande de la population.

La réalité est que nous ne sommes toujours pas ressortis de la crise de 2008. L’injection massive de liquidités dans l’économie par les gouvernements, allant jusqu’à établir des taux d’intérêts négatifs, a permis de ne pas connaître de décroissance depuis 2010. Par contre, l’économie n’est jamais revenue à la normale.

Depuis 18 mois, il y a des signes importants que l’économie se détériore de façon critique. Le prix du pétrole a diminué de plus de 70% et pourrait encore perdre un tiers de sa valeur en 2016 selon Goldman Sachs. Les bourses ont suivi en perdant près de 10% depuis le début de l’année, et les économies de la Chine et des États-Unis montrent des signes de faiblesse. La crise économique qui pourrait frapper en 2016 serait telle que la Royal Bank of Scotland n’a qu’un mot d’ordre à ses clients : « Vendez tout » et certains prédisent que la bourse de Wall Street pourrait perdre jusqu’à 75% de sa valeur.

Depuis 18 mois, il y a des signes importants que l’économie se détériore de façon critique.

Au Canada, le prix du pétrole nous affecte grandement, en particulier en Alberta. Nous avons aussi un endettement record des ménages et l’un des marchés immobiliers les plus surévalués. Si le Canada a pu vivre la crise de 2008 sans trop de dégâts, il risque d’être aux premières loges de la crise de 2016, si elle survient.

La crise de 2008 aurait dû nous amener à la conclusion qu’après 30 ans, nous étions arrivés au bout de la logique de la révolution conservatrice, et qu’il fallait changer de logique économique. Malheureusement, nous avons choisi d’ignorer cet avertissement et de continuer « business as usual ». Espérons que la prochaine crise nous permette de comprendre qu’il est temps de changer d’époque ou, espérons-le, qu’on puisse le comprendre avant que ne survienne la prochaine crise.