Depuis 2010, le directeur et son équipe sont parvenus à importer en région des expositions de grands photographes internationaux et des intervenants de renom, donnant ainsi l’opportunité aux habitants d’accéder à une culture de l’image photographique, tandis que les photographes québécois et canadiens venus de la ville de Québec, Montréal et parfois Toronto en profitent pour élargir leurs réseaux professionnels, montrer leurs images et échanger sur le milieu.
La programmation qu’offre le festival suit l’actualité : on peut y découvrir cette année une exposition sur le tremblement de terre au Népal (Barpak de Renaud Philippe) ou sur le conflit à Gaza (Gaza, les séquelles de Virginie Nguyen Hoang), mais également des documentaires intimistes sur des sujets moins médiatisés comme l’amour et la sexualité des personnes handicapées (À mon corps dérangeant, de Jérôme Deya) ou la maternité chez les jeunes filles congolaises (Mères avant d’être femmes, de Leonora Baumann).
Des photographes locaux sont également invités à chaque édition : cette année, Nicolas Lévesque, diffusé régulièrement au Québec et à l’étranger, expose Lush life, réalisé dans les coulisses du Festival Jazz & Blues de Saguenay. Le photographe québécois Alain Corneau, quant à lui, présente des images sur les bénéfices de l’art thérapie. L’exposition internationale du World Press Photo est aussi, chaque année, fidèle au Zoom Photo. Enfin, pour les Chicoutimien-nes moins habitués des galeries, le collectif #Dysturb amène l’image dans la rue. De Melbourne à Paris, en passant par New York, Chicoutimi et prochainement Montréal, les membres collent sur leur passage d’immenses photographies dans le but de rendre accessible l’information aux passants.
Les défis du métier
En exposant de jeunes photographes et en proposant des conférences qui offrent des outils pour les pigistes, le Zoom Photo Festival Saguenay amène un peu d’optimisme sur des professions fragiles, souvent mises en lumière par leur précarité et que l’on nomme les métiers de l’information. Bon nombre de journalistes ou de photojournalistes se voient confrontés à la crise des médias. Disparition des journaux papier, paye dérisoire, difficulté à vendre ses sujets, etc.
Comment garder confiance quand des rédactions entières ou équipes de photographes se font licenciées? Pourtant, animé-e-s par la passion et déterminé-e-s, malgré les freins financiers, à réaliser leurs reportages, les photographes n’en sont que plus solidaires et prêt-e-s à vivre modestement pour raconter ces histoires, petites ou grandes, ici ou ailleurs, mais qui se préoccupent toutes de l’humain.
Le festival est aussi l’occasion de recevoir des propositions intéressantes pour lancer une carrière hors du pays. Lors d’une conférence sur le bel avenir du photojournalisme, la Montréalaise Adrienne Surprenant, 23 ans, confiait comment une rencontre avec l’éditeur d’un grand magazine français, présent au Zoom 2014, lui a permis d’être publiée et invitée par la suite à l’une des manifestations professionnelles les plus importantes en France, Visa pour l’Image. Considérant que « les possibilités de publication au Canada restent minces », c’est pour elle une opportunité de faire connaître son travail au-delà des frontières.
De son côté, le directeur Michel Tremblay se dit reconnaissant envers une relève de photographes québécois-e-s qui l’ont soutenu au départ de ce projet en partageant avec lui leur réseau. Depuis, plusieurs autres participent et promeuvent de façon informelle le festival. Cela a donné lieu à de récents partenariats internationaux avec une association (Freelens, France) ou avec une plateforme pensée pour localiser les pigistes dans le monde (Blink, New York), amenant une visibilité supplémentaire sur l’évènement.
Dans les années à venir, Michel Tremblay souhaite développer de plus grands échanges avec les régions, les commissions scolaires et proposer des expositions itinérantes qui pourraient circuler dans toute la province. Convaincu de l’utilité d’un tel festival au Québec, il aimerait que le Zoom devienne un rendez-vous annuel pour les professionnel-les, mais aussi pour les spectateurs et spectatrices. Depuis les cinq dernières années, la manifestation a reçu près de 100 000 visites et plus d’une centaine de photographes nationaux et internationaux. Ceci en dit long sur le bel avenir d’un festival et d’une profession.
Le Zoom Photo Festival Saguenay se déroule jusqu’à 29 novembre à Chicoutimi