Dans ces moments de gouffre humanitaire, bien qu’ils soient trop communs pour un monde soi-disant lointain, on se demande toujours quel ton employer. J’aurais envie d’avoir la plume des plus adroits, pour adoucir les pleurs de ceux et celles qui sanglotent encore. J’aurais envie d’avoir les mains des autres, pour relever ceux et celles qui ne croient plus en rien. Mais ce que j’aurais surtout envie d’avoir, c’est l’espoir des personnes qui y croient encore.

Le monde se creuse et on cherche la haine plus loin qu’elle ne le sera jamais.

Le monde se creuse et on cherche la haine plus loin qu’elle ne le sera jamais.

Arrêtons de croire que ce ne sont que quelques idéologies « opposées » aux « nôtres » qui sont à craindre. Autour de nous, la haine est réelle, la misère s’étend comme la peste, les gens ne vivent plus.

Autour de nous, et d’eux, car nous sommes les mêmes, il y a des États qui continuent à pousser la pauvreté au plus profond de ses limites. Plus loin, c’est la mort. Il y a des gens qui décident qu’il ne faut plus s’aider. Des États pour qui l’éducation n’est pas importante, pour qui la santé n’est qu’un accessoire du riche. Pour qui le monde est une banque.

Les attentats ne cesseront d’avoir lieu si nous continuons à voir le monde comme ici.

Nous n’offrons peut-être pas un rêve commun. Ou n’y a-t-il peut-être pas de rêve plus grand que la mort pour Dieu? Continuons à pousser le fantasme des emplois, de l’argent, des vacances, de la retraite (alors que nous serons déjà un pas dans la tombe) et voyons si le rêve de mourir pour quelque chose d’autre que son banquier n’est pas aussi légitime.

Des États qui sabrent allègrement dans les programmes sociaux ne peuvent pas s’imaginer que miraculeusement, les esprits plus « radicaux » (pour utiliser ce terme imbécile) s’illumineront et cesseront leur croisade. Ils parlent de valeurs démocratiques et d’égalité alors qu’ils ricanent des professeures en s’empiffrant, qu’ils lynchent les infirmières alors que ce sont eux et elles qui essuieront leur merde.

Vous n’êtes que des monstres, vous, qui souriez devant la misère; vous, qui vous complaisez devant vos acquis gras et morbides; vous, qui vous votez des augmentations de salaire en critiquant Vladimir Poutine. Vous, qui massacrez un peuple en silence, qui violez des femmes dans des réserves, qui vendez des roches au plus offrant en critiquant Assad. Vous, qui demandez des concessions, des compromis, des excuses, comme un prêtre à ses victimes. Vous, qui demandez aux gens d’ailleurs de prouver qu’ils sont bons et gentils alors que vous êtes des bandits de première. Vous, qui chialez que des enfants protègent leur école alors que vous donnez des armes à ceux d’autres contrées. Demandez-leur encore d’être bons, d’être de bons citoyens de demain.

Ne vous inquiétez pas, si nous accueillons des réfugiés, la seule chose qu’il risque d’arriver, c’est qu’ils nous apprennent comment vivre. Ils refuseront, eux, de propager votre misère.

Alexandre Petitclerc, étudiant en science politique à l’Université McGill