Faisons un bref éventail de l’œuvre libérale récente : coupure de 211 millions dans l’aide sociale, coupure de 87 millions dans les soins aux personnes âgées et en santé mentale, coupure de un milliard en éducation, fin du tarif unique en garderie et de l’allocation pour les enfants de milieux défavorisés, coupure de 700 millions et de 1300 postes en santé, retrait de 16 millions dans l’aide à l’emploi, hausse du tarif d’Hydro-Québec, fin du programme de procréation, abolition des Centres locaux de développement (CLD), coupure au Conseil du statut de la femme, etc. Au total, des compressions d’environ 4 milliards de dollars sont recensées depuis 2014.
Le plus triste : le peuple n’a pas été consulté, que ce soit avant ou pendant l’implantation de ces mesures. Il n’en a même simplement pas été minimalement prévenu. N’est-ce pas là pure trahison que de couper dans les services à la population sans l’aval du peuple et alors qu’on a même dit tout le contraire à ce même peuple? Il faudrait peut-être rappeler au gouvernement libéral qu’il n’a pas été élu avec le mandat de démanteler le système social-démocrate québécois.
C’est pourtant ce à quoi il s’attèle avec vigueur. Qu’importe si cela nuit à l’économie, augmente les inégalités sociales et réduit le Québec à l’insignifiance. Mais bien sûr, à la défense de notre belle classe politique au pouvoir, nous serions en période d’austérité et d’instabilité économique. Il faut comprendre. Faire des efforts. Le tout en remerciant bien bas nos maîtres. Si aujourd’hui, vous daignez protester dans la rue ou pire encore, faire la grève, honte à vous. On vous fera bien sentir que vous êtes nuisibles au bien-être de la société. Peu importe si le gouvernement donne régulièrement dans la violence physique, économique, institutionnelle et idéologique. La grogne populaire n’est surtout pas de la faute du gouvernement!
Albert Camus a dit : « Il n’y a pas longtemps, c’étaient les mauvaises actions qui demandaient à être justifiées, aujourd’hui ce sont les bonnes. »
Si vous vous agitez ne serait-ce qu’un peu, criez votre colère, criez à l’injustice, réclamez une réelle démocratie, c’est vous le malfrat, c’est vous l’ennemi du peuple.
« Austérité » vous dira-t-on, et autre « Nous agissons de manière responsable ». Foutaise! Cette « austérité » qu’on nous enfonce dans la gorge n’est qu’un concept vieux comme le monde pour mieux nous imposer des politiques néo-libérales et privatiser à tout va, au profit du 1%. Si ce n’est pas assez, on nous mettra sous le nez la dette, toujours la dette! Comme s’il s’agissait d’un argument d’autorité. Comme s’il fallait se convaincre que le Québec est en faillite et que nous n’avons d’autre choix que de mettre à mort l’État-providence, comme s’il fallait arrêter d’être maîtres de nous-mêmes.
Notre cher gouvernement veut parler dette? Eh bien, allons-y! Qui a endetté le Québec de 60 milliards en seulement neuf années au pouvoir, et qui maintenant a le culot nous donner des leçons de rigueur économique, sinon le gouvernement libéral?
Les problèmes
Le problème, c’est que nos politiciens s’agenouillent devant le lobby pétrolier, pharmaceutique, minier, des médecins, et tant d’autres!
Le problème, c’est que notre gouvernement est dirigé par des oligarques et banquiers. Ne faisons que penser au trio économique du gouvernement.
Le problème, c’est que ces même lobbyistes et banquiers écrivent nos lois dans le plus grand secret. Regardons simplement ce qui se passe au fédéral.
Le problème, c’est que notre gouvernement laisse filer des centaines de milliards dans les paradis fiscaux et en gaspille plusieurs dizaines annuellement en corruption et en «BS Corpo». Dernier exemple en liste : le 1.3 milliard donné à Bombardier.
Le problème, c’est que trop de nos journalistes et analystes politiques ne traitent que des symptômes de la corruption du système, mais pas des causes de cette corruption, notamment le fait que deux milliardaires monopolisent les médias québécois.
Le problème, c’est qu’il est anormal qu’après la commission Charbonneau, il n’y ait pas des centaines de personnes en prison. Ce n’est pas normal que le gouvernement en place puisse bloquer les enquêtes en cours.
Le problème, c’est que notre démocratie « s’exprime » seulement à chaque trois ou quatre ans, et qu’une fois élu, un gouvernement majoritaire, de par notre fonctionnement britannique, peut faire, à quelques exceptions près, tout ce qu’il entend.
Reprendre le contrôle
Le temps est venu de reprendre contrôle sur notre destinée collective et sur notre système démocratique. Il faut dès maintenant initier un débat sur l’imputabilité des élus et rendre les citoyens davantage maitres chez eux, car pour l’instant nous sommes sous-locataires dans notre propre demeure et à la merci des gens qui décident.
Scrutin proportionnel, référendums d’initiative populaire (RIP), culture de coalition, écriture de la Constitution, etc., c’est de cela dont il doit être question.
Prenons les référendums d’initiative populaire. En Suisse, le système politique fonctionne bien mieux qu’ici, car ils ont des référendums, et même trois types de référendum. De cette manière, grâce à une démocratie directe, il y a davantage de transparence, et les citoyens et citoyennes sont invité-e-s à se gouverner eux et elle-mêmes. Des RIP, cela fait des années que le Parti Québécois, Québec solidaire et Option nationale en parlent; les projets de loi sont même déjà écrits (par exemple : le projet de loi 596 de Jean-Martin Aussant).
Jean Charest a prouvé, avec la loi 12 (projet de loi 78), qu’il est possible de passer une loi allant à l’encontre de trois Chartes des droits (québécoise, canadienne et onusienne) en moins de 72 heures. Donc, si on peut passer une mauvaise loi en 72 heures… il est possible de passer une bonne loi en 72 heures. Il suffit de l’exiger. Ce n’est pas une panacée, mais plus nous nous doterons d’outils réellement démocratiques, plus nous avancerons dans la bonne direction. C’en est assez de voir ceux au pouvoir, ceux-là mêmes qui bénéficient du statu quo, prétendre qu’ils n’ont pas le pouvoir de changer les choses et de redonner le pouvoir aux citoyens.
Plus que jamais, nous vivons dans un simulacre de démocratie. Gouvernance illégitime, mensonges éhontés et cadeaux aux amis du pouvoir n’appellent qu’un seul verdict : la trahison. Et ce verdict doit être suivi d’une démission par le peuple de ce gouvernement hypocrite, menteur et corrompu.
Plus que tout, exigeons une réelle démocratie. Par le peuple et pour le peuple.
Et s’il faut renverser pacifiquement le pouvoir pour se faire…
Qu’il en soit ainsi.
Étienne Boudou-Laforce, blogueur
Paco Lebel, auteur et scénariste