J’ai n’ai pas pu m’empêcher de penser à Aylan Kurdi, 3 ans, et à son frère, 5 ans, dont les cadavres se sont échoués sur une plage turque avec celui de leur mère. Aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de penser à leur père, seul survivant de la famille.
Il avait fait une demande de réfugié au Canada. Il voulait aller rejoindre sa tante à Vancouver. Il voulait que son plus vieux aille à l’école sans crainte. Il voulait que son plus jeune joue dans les parcs. Il voulait que sa femme ne finisse pas sous le joug de l’État Islamique. Il voulait avoir une petite job «steady» quelque part où il serait sûr de revenir souper chaque soir à la maison et qu’il y trouverait tous les membres de sa famille sains et saufs.
Quelque part dans son bureau luxueux d’Ottawa, un ministre de Stephen Harper a refusé sa demande. Je ne sais pas trop ce qui a motivé sa décision. Est-ce que c’était pour préserver une certaine homogénéité culturelle? Parce qu’il considérait que ça coûterait trop cher aux contribuables de les accueillir ici? Parce qu’il considérait que sa famille n’était pas en danger? Ou juste parce qu’il se foutait d’une famille comme toutes les autres prises dans le bourbier syrien? Je n’en ai aucune idée.
Tout ce que je sais, c’est que cette décision a forcée ce père de famille à partir dans un bateau de fortune dans l’espoir de fuir la guerre. Plutôt que d’échouer épuisé dans son lit à cause de l’entrée à la maternelle, son plus vieux a échoué épuisé mort sur une plage turque après de longues minutes de nage dans la mer pour garder la tête hors de l’eau. Plutôt que de dormir la face dans son matelas, le cadavre de son plus jeune s’est retrouvé couché la face dans le sable turc. Plutôt que d’aller se coucher à côté de sa blonde, il a vu le cadavre de celle-ci transporté avec ceux de ses enfants. Plutôt que de rêver d’une job steady où il entre le soir sain et sauf à la maison rejoindre les siens, il rêve de retourner à Kobane pour enterrer sa famille et aller les rejoindre dans la mort.
On pourra débattre politique autant qu’on veut, il reste que, fondamentalement, il n’y a aucune politique qui justifie qu’on refuse à quelqu’un de pouvoir regarder à chaque soir ses enfants dormir paisiblement avant d’aller dormir à côté de son amour.