Besoin d’aide SVP!
Plusieurs organisations québécoises et canadiennes ont signé, il y a quelques semaines, une lettre pour réclamer la suspension des élections législatives au pays. Considérant qu’ils ne peuvent « changer les choses de l’intérieur », ces groupes réclament l’aide de la communauté internationale pour que le Mexique soit définitivement retiré de la liste des pays d’origine désignés (POD) du Ministère de l’Immigration. Ce sont en fait les pays «qui ne produisent habituellement pas de réfugiés, qui respectent les droits de la personne et offrent la protection de l’État». Bref, tout ce que le Mexique ne peut garantir par les temps qui courent. En intervenant de la sorte, le gouvernement canadien pourrait poser un geste fort : d’une part, en admettant les atteintes aux droits et libertés commises à l’égard des populations mexicaines et d’autre part, en autorisant leur venue en sol canadien en tant que réfugiés.
Le Canada fait l’autruche
Ce qui est inquiétant, c’est que le Canada est bien au courant que le Mexique n’est pas un pays sûr. On prévient les voyageurs canadiens de faire preuve d’une grande prudence « en raison de la violence, du niveau élevé de la criminalité ». Encore là, aucun avertissement n’est en vigueur pour l’ensemble du pays. Pourtant, l’Assemblée nationale a voté à l’unaminité une motion reconnaissant l’importance de mener une enquête complète et transparente sur la disparition des 43 étudiants mexicains. Qu’en est-il de l’engagement du Canada?
Dans son Plan commun Canada-Mexique 2014-2016, le gouvernement se targue de vouloir «protéger les citoyens» des deux pays pour « assurer la circulation internationale sûre et sécurisée des gens … ». Est-ce de la poudre aux yeux? C’est fort probable. Convenir que le Mexique n’est plus un POD dans le grand concert des démocraties néolibérales, aurait potentiellement pour effet, pour le Canada, de modérer ses échanges auprès de son troisième partenaire commercial. Cela reviendrait donc à dire que l’Accord de libre-échange Nord-américain (ALENA) n’est plus si pertinent que cela au fond, ce qui pourrait causer de graves torts économiques au Canada.
Barbarie et répression au menu
Au Mexique, on parle d’un climat de peur et de répression. On parle de 70 incidents violents et d’une vingtaine de meurtres, dont ceux six candidats … tout cela pour assurer le passage de la cocaïne vers les États-Unis! Le 7 juin dernier, au jour des élections, ce sont des milliers de soldats et de policiers fédéraux qui étaient déployés pour surveiller les bureaux de vote et prévenir le boycott des élections. Dans certains États du Sud, dont ceux d’Oaxaca et du Guerrero, des manifestants sont même allés jusqu’à bloquer des bureaux de scrutin, à brûler du matériel électoral et à ériger des barricades à l’aide de pierres et de troncs d’arbres pour dénoncer la collusion entre les politiciens et les narcotrafiquants.
Rappelons que la contestation populaire au Mexique connaît des sommets depuis l’assassinat de 43 étudiants de l’École normale d’Ayotzinapa en septembre dernier, qui a propablement été perpétré par un cartel affilié au pouvoir local.
Si pire que ça, le Mexique?
Torture, meurtres et disparitions sont désormais choses courantes dans les régions rurales du Mexique. La capitale, quant à elle, serait en grande partie épargnée par les violences. Les Nations Unies ont tout de même affirmé dans un récent rapport que le recours à la torture est généralisé au Mexique. D’ailleurs, entre 2006 et 2012, la guerre à la drogue aurait fait 120 000 morts, soit 55 personnes par jour! Le Mexique serait aussi l’un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes. Plus de 80 d’entre eux y ont été assassinés et 17 sont disparus au cours de la dernière décennie, selon Reporters Sans Frontières.