Dans ses communications aux médias et au public, TransCanada affirme que les raffineries de l’Est du Canada importent actuellement plus de 700 000 barils par jour, soit 86 pour cent de leurs besoins quotidiens, de sources étrangères (outre-mer) plus coûteuses comme l’Arabie saoudite, le Nigeria, le Venezuela et l’Algérie.
Or, les données annuelles de 2014 de Statistique Canada, compilées par Greenpeace Canada et Environmental Defence, montrent que le taux d’importation de pétrole en provenance de ces quatre pays dans l’Est canadien ne représente que 14%. De plus, l’Est du Canada n’importe pas de pétrole du Venezuela et presque pas du Nigeria (0,6%).
Le Québec n’importe pas non plus de pétrole d’Arabie Saoudite et c’est la seule province qui importe du brut de l’Algérie. En 2014, la province a importé 11% de ses besoins en provenance d’Algérie comparativement à 52% en provenance des États-Unis. Non seulement le brut américain a déjà remplacé une grande partie des importations d’outre-mer dans l’Est du Canada, mais notre voisin du sud est maintenant le plus grand fournisseur de pétrole aux raffineries du Canada et celui ayant la plus forte croissance. Et cette tendance devrait se poursuivre. Il faut également considérer que, s’il va de l’avant, le projet d’inversion de la Ligne 9 d’Enbridge approvisionnera en brut les deux raffineries québécoises avec du pétrole en provenance de l’Ouest.
Pourquoi TransCanada veut-elle induire la population en erreur?
Les allégations de TransCanada sont fausses, et resteront fausses peu importe le nombre de fois que la compagnie pétrolière les répètera. Énergie Est ne servira essentiellement qu’à l’exportation du pétrole non raffiné et il est très peu probable qu’il réduira les importations pétrolières de l’étranger. Il servira presque exclusivement à remplir des superpétroliers pour ensuite être exporté. En effet, plus de 90 pour cent du brut qu’il transportera sera acheminé sans raffinage vers des pétroliers pour être exporté vers l’étranger.
Pourquoi TransCanada sent-elle le besoin d’induire les gens en erreur pour vendre le projet d’oléoduc et de port pétrolier qu’elle veut implanter dans la pouponnière des bélugas à Cacouna?
Pourquoi la pétrolière n’est-elle pas claire sur le fait que ce pipeline vise à exporter le pétrole et non à remplacer le pétrole en provenance d’outre-mer?
Pourquoi TransCanada parle-t-elle du Vénézuéla et du Nigéria et omet de mentionner d’où provient réellement le pétrole raffiné au Québec?
Serait-ce parce que la population risque fortement de s’opposer à un pipeline d’exportation visant à permettre l’expansion de la production de pétrole issu des sables bitumineux?
Une chose est certaine, le Québec serait utilisé comme une voie de passage pour le pétrole de sables bitumineux et assumerait une grande partie des risques pour augmenter les bénéfices d’une seule compagnie. Il semble évident que les Québécois ne voudraient pas voir d’énormes quantités de pétrole menacer l’eau potable, le territoire, l’environnement, les bélugas et exacerber le climat planétaire pour une poignée d’emplois.
Rappelons que selon les chiffres de TransCanada, le projet Énergie Est ne créera que 203 emplois directs à long terme au Québec. Par contre, il entraînerait une augmentation importante des émissions de gaz à effet de serre (GES) généré au Canada, soit jusqu’à 32 millions de tonnes de GES en plus, ou l’équivalent d’ajouter 7 millions de voitures sur nos routes. Consultez le rapport d’Environmental Defense et de Greenpeace ici.