Le Canada n’atteindra donc pas sa cible de réduction des GES en 2020 (cible qui en passant est loin de ce que la science recommande pour les pays industrialisés), n’a pas de plan, pas d’approche de coordination avec les provinces, ne respecte pas ses échéanciers, n’est pas en mesure d’évaluer les mesures mises en place et ne règlemente toujours pas le secteur de la production de pétrole et de gaz, malgré que c’est ce dernier qui connaîtra la plus forte hausse de ses émissions. Et la commissaire d’ajouter : « si le Canada n’honore pas ses engagements en matière de changements climatiques, il ne peut pas s’attendre à ce que d’autres pays honorent les leurs ». Ouch… pas besoin d’en rajouter…

Atteindre le fond du baril

Après s’être retiré du « complot socialiste » qu’est le Protocole de Kyoto, fait du lobbyisme pour empêcher l’adoption de politiques avant-gardiste dans d’autres pays et démantelé les protections environnementales, le gouvernement Harper continue dans la même veine en refusant de lutter contre les changements climatiques et en protégeant l’industrie pétrolière canadienne. Décidément, le baril de l’inaction climatique ne sera jamais assez profond pour que ce gouvernement en atteigne le fond.

Pétrole et gaz : un secteur hors de contrôle et non règlementé

Entre 1990 et 2012, la production de pétrole des sables bitumineux a augmenté de près de 450%! Ce secteur émet désormais davantage de GES que le secteur des transports au Canada… Évidemment nous devons réduire notre consommation de pétrole dans les transports, mais si rien n’est fait, c’est le secteur du pétrole et gaz qui connaîtra la plus forte hausse de ses émissions d’ici 2020. La contribution de ce secteur sera de l’ordre de 200 millions de tonnes (mégatonnes) en 2020, c’est-à-dire 27 mégatonnes de GES plus qu’en 2012 (ou environ l’équivalent d’ajouter plus six millions de voitures sur nos routes). Et selon l’industrie, les émissions augmenteront de 2,5 fois d’ici 2030! Pourtant, la mise en œuvre des règlements pour contrôler les GES dans ce secteur a été reportée à maintes reprises et cela fait maintenant 8 ans que le gouvernement fédéral nous la promet! Des projets de règlement détaillés sont pourtant disponibles à l’interne depuis plus d’un an, mais le gouvernement refuse de les mettre en œuvre car ils contraindraient l’industrie et l’expansion souhaitée.

Moratoire ou contagion?

Le pipeline Énergie Est de TransCanada entraînerait une augmentation importante des émissions de gaz à effet de serre, soit l’équivalent d’ajouter 7 millions de véhicules sur les routes.

Récemment, des scientifiques de renom ont publié un article dans la revue Nature demandant un moratoire sur l’expansion des sables bitumineux. Il faut évidemment faire de même pour les nombreux projets de transport du pétrole de l’ouest par train, bateau et pipelines qui menacent nos communautés et l’environnement. Les compagnies ont d’ailleurs absolument besoin de ces projets pour concrétiser leur plan d’expansion de la production dans l’ouest. Par exemple, s’il se concrétise, le pipeline Énergie Est de TransCanada entraînerait une augmentation importante des émissions de gaz à effet de serre, soit l’équivalent d’ajouter 7 millions de véhicules sur les routes. Or, le gouvernement Couillard est littéralement contaminé par la folie du pétrole bitumineux, au point tel qu’il permet désormais l’exportation du pétrole des sables bitumineux à partir du Québec. Après Sorel, des projets à Belledune et Cacouna pourraient se réaliser…

Si ces projets se concrétisent, nous ouvrirons la porte à des décennies d’émissions de GES supplémentaires au pays. La solution n’est pas de s’enfoncer davantage dans les sables bitumineux, mais bien d’investir dans les énergies vertes et dans la diminution de notre consommation de pétrole.

Pour agir

Envoyez un message au nouveau président de l’Office national de l’énergie Peter Watson pour lui dire que les impacts climatiques et les voix des scientifiques et des communautés doivent être inclus dans l’évaluation du projet d’oléoduc Énergie Est.